Mais l’enjeu des cyberattaques est souvent bien plus important que de pirater le compte d’Instagrammeurs. La cyberguerre, c’est une guerre que l’on se livre en ligne, mais attention, ça n'a rien à voir avec la Pixel War. Il s’agit souvent de porter préjudice à une multinationale, voire à tout un pays.
Car à l’ère de l’information qui est la nôtre, tout est contrôlé par des puces informatiques: aussi bien le système financier, que le traitement des malades à l’hôpital et même l’envoi de missiles nucléaires. Et donc tous ces secteurs essentiels à la vie des citoyens peuvent être la cible de cyber-assaillants.
Des armes numériques. Or, à mesure que les systèmes se sont numérisés, que la sécurité a été renforcée, ces assaillants ont développé de puissantes armes informatiques capables de forcer les cyber-portes blindées.
Ce n'est pas de la science-fiction, ça s'est déjà passé plusieurs fois dans la vraie vie:
En 2020, un groupe de hackers a perpétré la plus vaste cyberattaque de tous les temps connue sous le nom de la SolarWinds attack. Ils ont réussi à infiltrer les systèmes informatiques de très nombreuses agences gouvernementales, comme l’OTAN, le Parlement européen, la plupart des départements du gouvernements américains dont la défense ou la sécurité nationale. Lors de cette attaque, qui s’apparente plutôt à du cyber espionnage, des données hautement stratégiques ont été compromises.
Et l’année suivante, le 7 mai 2021, l’oléoduc Colonial qui ravitaille en pétrole le Sud des Etats-Unis a fait l’objet d’une cyberattaque qui a eu pour conséquence de bloquer l’approvisionnement. L’attaque était plus exactement une ransomware, c'est-à-dire qu’elle était accompagnée d’une demande de rançon. Pour que les hackers lèvent le blocage, la compagnie qui gère l’oléoduc a été contrainte de verser 75 bitcoins, soit 4,4 millions de dollars.
Dans les deux cas, les enquêteurs sont rapidement arrivés à la conclusion que le gouvernement russe était probablement à l’origine des attaques.
Il faut dire que la Russie est un peu spécialiste du genre. Elle a déjà mené de nombreuses cyberattaques, notamment contre l’Ukraine: le groupe de hacker Sandworm, issu de l’armée russe, est ainsi parvenu dans les années 2010 à provoquer d’importants black-out ou des coupures d’internet impactant le fonctionnement de secteurs vitaux, comme les transports ou les hôpitaux.
Ces événements font craindre une future cyberguerre de grande ampleur, un Pearl Harbour numérique, selon les mots d’un sénateur américain, qui viserait des installations vitales et pourrait conduire à la mort de millions de personnes.
La crainte est évidemment encore plus grande depuis que la Russie a envahi l’Ukraine. Mais les observateurs notent que le cyber Pearl Harbour tant redouté n’a pour l’instant pas eu lieu. Les actions que les Russes mènent dans la sphère numérique, par exemple le deep fake de Zelensky invitant les populations à se rendre ou l’attaque d’un satellite américain utilisé par l’armée ukrainienne, n’ont pas eu l’effet escompté.
C’est notamment parce que les Ukrainiens ont fortement renforcé leur cyberdéfense, et qu’une foule de pirates bénévoles, notamment les Anonymous, les aident à résister à l’envahisseur territorial et numérique.