VIDÉO – Peut-on vraiment mourir de chaud? 

La Suisse et une bonne partie du monde ont vécu les mois de mai et juin les plus chauds jamais enregistrés. Au Pakistan, la température a même frôlé les 50°C.  Et souvenez-vous, en juillet 2021, le nord-ouest des Etats-Unis avait traversé une terrible canicule qui avait causé des centaines de morts. Conséquence spectaculaire du réchauffement climatique, ces épisodes de chaleur extrême sont amenés à se répéter. Jusqu’à risquer de nous faire mourir de chaud? C’est le sujet de ce nouveau PopScience.

Mourir de chaud, vraiment? Pour comprendre, leçon de physiologie: notre température interne est de 37°C. C’est la température confortable à laquelle le corps fonctionne normalement. Quand cette température descend ou monte trop, ça marche beaucoup moins bien.

L’évolution a inventé un super système de climatisation pour réguler la température interne, c’est la transpiration. Si notre corps est à 37°C, notre peau, elle, est à 33-34. Quand elle capte qu’il fait plus chaud que cela à l’extérieur, cela déclenche l’évacuation d’eau chaude via les pores de votre peau: vous transpirez. A mesure que cette sueur s’évapore, vous vous refroidissez.

Le risque de mort. Cette clim’ marche super bien tant que l’air est suffisamment sec pour absorber cette humidité. Mais si l’air est à la fois assez chaud pour vous faire transpirer et trop humide pour absorber votre humidité, alors là, ça se complique: votre sueur ne s’évapore plus, et vous ne vous refroidissez pas…

Votre corps cherche d’autres solutions pour se refroidir: vos vaisseaux sanguins se dilatent, du coup, le rythme cardiaque s’accélère pour augmenter le débit sanguin, ce qui peut conduire à l’attaque cardiaque et donc, à la mort.

«Wet bulb temperature». Pour savoir à quel point la situation est critique à un instant donné et un endroit donné sur la planète, les scientifiques mesurent non seulement la température, mais aussi ce qu’ils appellent la wet bulb temperature, la température du thermomètre mouillé.

Ils la mesurent en enveloppant un thermomètre dans un morceau de tissu humide. Si l’air n’est pas trop chargé en humidité, l’eau contenue dans le tissu va s’évaporer, ce qui va faire baisser la température mesurée par le capteur. Mais si l’air est saturé en humidité, l’eau ne va pas s’évaporer, et le capteur va enregistrer la même température qu’un thermomètre classique. C’est un indice qui mesure la combinaison chaleur/humidité et donc, notre capacité à y faire face.

Les chercheurs estiment qu'au-delà de 35°C mesuré au thermomètre mouillé, on ne peut pas survivre plus de 6h, même si on a accès à de l’eau à volonté. Ils estiment aussi que plusieurs régions du monde vont voir leur température au thermomètre mouillé atteindre, voire dépasser ces 35°C d’ici 2050 à 2070.