La désobéissance civile, est-ce que c'est utile? [VIDEO]

La tendance a commencé en mai 2022 quand un homme a balancé un morceau de gâteau sur la Joconde, exposée au Louvre en criant «pensez à la Terre». Vous en avez sûrement vu d’autres images d’activistes climatiques à la frontière entre l’art et la gastronomie. La désobéissance civile, c’est le sujet de ce nouvel épisode de PopScience, pour expliquer ce que ça veut dire et à quoi ça sert.

Pourquoi on en parle. Depuis l’entartrage au Louvre, les actions se multiplient:

  • Celle dont vous avec entendu parler à coup sûr, c’était celle du 14 octobre, à la National Gallery de Londres, où des activistes du groupe britannique Just Stop Oil ont versé de la soupe de tomate sur «Les tournesols», le célèbre tableau de Van Gogh avant de coller leurs mains à la glue par terre, pour ne pas être délogés.

  • En Suisse, des militants de Renovate Switzerland aussi se sont englués à des cadres de tableaux, dont un Giacometti, dans des musées à Lausanne et Zurich.

  • Et hop, ça n’a pas traîné, il s’est passé un peu la même chose le 23 octobre avec une autre peinture de Van Gogh, cette fois à Potsdam, en Allemagne, et le 27 octobre, rebelote aux Pays-Bas avec le tableau de Vermeer «La jeune fille à la perle».

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Comme tous ces tableaux sont protégés par du verre, ils n’ont pas été abîmés par ces actions militantes. Et il n'y a pas non plus eu de blessés, car ces actions sont non violentes.

Le but, ce n’est pas de salir de beaux tableaux, mais d’alerter sur l’urgence du changement climatique et ça s’appelle la désobéissance civile.

Mais s'il n'y a jamais de casse, à quoi ça sert? A sensibiliser l’opinion: elles mettent sur le même plan le caractère sacré de l'art et celui de la nature. Et nous forcent à réfléchir: pourquoi la perspective de dégâts sur un tableau célèbre nous choque plus que la destruction de la planète?

Comme ces actions sont non violentes, mais quand même illégales, leurs auteurs savent qu’ils risquent d’être arrêtés par la police et même jugés, ce qui pourrait d’ailleurs donner plus de poids à leur action.

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Le point de vue historique. L’histoire a d’ailleurs montré que parfois, la désobéissance civile, ça peut marcher. Oui, parce que les entarteurs de tableaux ne sont pas exactement les premiers à en faire usage. C’est le philosophe Henry David Thoreau qui a le premier «popularisé» la méthode au milieu du 19e siècle en ne payant pas l’impôt américain qui, selon lui, participait à l’esclavagisme.

Et les deux plus célèbres utilisateurs de la non-violence et de la désobéissance civile sont bien sur Gandhi et Martin Luther King qui ont lutté, l’un notamment pour l’indépendance de l’Inde, l’autre contre la ségrégation aux Etats-Unis en défiant à maintes reprises les autorités, mais toujours de façon non violente.

Leurs actions respectives ont clairement contribué à mettre fin aux injustices qu’ils combattaient.

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Possible que cette nouvelle génération de militants parvienne à peser sur les décisions politiques. Les experts du climat ne cessent d’alerter sur le fait qu’elles sont pour le moment très insuffisantes pour atteindre l’objectif de l'accord de Paris, qui souhaitait en 2015 limiter le réchauffement global de la planète à 1,5°C…