Heidi.news va bien, merci!

Serge Michel

«Qu’est-ce qui se passe?» Vous êtes nombreux·ses, chères lectrices, chers lecteurs, à nous avoir posé cette question. Mercredi, une soi-disant “enquête” de la radio romande a laissé entendre que le succès de Heidi.news était une “fiction”, que notre média était piloté par des profiteurs pratiquant le copinage, qu’il était grevé par des millions de pertes et avait épuisé son potentiel d’abonnés avec 4000 personnes (sic).

Je suis bien placé pour le savoir: il ne faut jamais croire les journalistes! Tout cela est faux, cet article transpire la malveillance et la jalousie, mais aussi l’ignorance complète de ce que représente la création d’une entreprise.

J’avoue pourtant l’avoir pris en pleine figure. Moi aussi je me suis demandé ce qui se passait. Mon nom est cité dans cet article sans que j’aie été contacté par son auteur. Des ragots anonymes semblent vouloir anéantir deux ans de travail d’une super équipe. Et surtout, j’étais stupéfait qu’un article si manifestement contraire à la vérité parvienne un matin à 7h21 jusqu’au studio d’une radio publique.

Transparence

Chez Heidi.news, nous avons toujours été transparents sur l’argent et les abonnés. Nous avons publié nos augmentations de capital au fur et à mesure, ainsi que les noms de nos actionnaires, de nos donateurs et toutes les grandes étapes de développement. C’est pourquoi je pense utile d’expliquer où nous en sommes, y compris dans les pistes de rapprochement avec Le Temps.

Hier soir vendredi, le nombre d’abonnements actifs était de 6503. En grande majorité des comptes individuels, mais il y a aussi des entreprises avec plusieurs utilisateurs et des abonnements à prix libre pour les jeunes de moins de 26 ans, une offre rendue possible par le soutien d’un mécène qui paie pour eux. Les abonnements, toutes catégories confondues, progressent bien: 130 cette semaine. Et je ne vois aucune limite à cette progression. L'objectif en 2023 est de 15'000 abonnés, mais nous n'en resterons pas là.

Nous suivons de près les «conversions» générées par chacun de nos articles, c’est-à-dire leur capacité à convaincre de s’abonner. Plusieurs dizaines de conversions pour des articles exhaustifs en science ou en santé, comme cette excellente synthèse hier soir sur le vaccin d’AstraZeneca, plusieurs centaines pour des séries comme celle sur la complosphère ou la guerre du sable dans le canton de Vaud. Le succès de Heidi.news n’est donc pas une fiction, mais il est directement tributaire de la qualité et de la pertinence de notre travail, ce qui est extrêmement stimulant.

Tenez, j’ai moi aussi des sources anonymes, le truc que la matinale de la RTS semble aimer pour ses “enquêtes”. Hier, à 15h54, sous le sceau du secret, un grand spécialiste des médias m’a envoyé ce commentaire par messagerie cryptée: «les journalistes ne comprennent toujours pas l'économie! Vieille histoire. Et ils n'aiment pas le succès des autres».

Business plan respecté

Alors permettez-moi un peu de pédagogie. Les start-up perdent de l’argent jusqu’à ce qu’elles en gagnent. Un nouveau média comme Heidi.news sera en phase d’investissement durant ses premières années: les revenus opérationnels seront complétés par des augmentations de capital (à hauteur de 1,7 million de francs dans notre cas). On ne développe pas une base d’abonnés et un lectorat solide en un jour; il faut donner avant de recevoir, investir avant d’avoir un retour, être patient et tenace pour atteindre l’équilibre économique. Il faut aussi du courage et accepter le risque dans ce genre d’aventure. Un business plan régulièrement mis à jour nous accompagne depuis la création: le développement de Heidi.news est parfaitement «dans les clous», y compris du point de vue financier.

Mais tout cela est probablement difficile à comprendre pour certains journalistes du service public, sans expérience de l’entrepreneuriat ou de l’économie pratique, dont le salaire est financé par un impôt obligatoire et qui jamais de leur vie n’ont eu à facturer un client ou à assurer le salaire de leurs employés.

Toujours est-il que les revenus opérationnels (ils ont presque quadruplé entre 2019 et 2020) complétés par les investissements ont permis à Heidi.news de développer une technologie propre et qui fonctionne à merveille, d’engager de grandes compétences, de publier plus de 7000 articles depuis le lancement en mai 2019 et d’envoyer chaque jour nos deux newsletters à 27’000 inscrits, ainsi que 16’000 le dimanche. Ce sont ces performances et le potentiel de croissance qui déterminent la valeur de l’entreprise, pas un multiple de la “valeur de départ”, terme utilisé à l’envi dans l’article de la RTS et qui ne veut rien dire. Pour une start-up, la «valeur de départ» est toujours zéro.

Si la vente se confirme, nous serons évidemment transparents sur la transaction. Mais il y a d’autres points très importants. Et notamment le fait que Heidi.news va continuer à produire un contenu de qualité, avec son équipe dédiée, en coordination avec Le Temps. De nouvelles thématiques seront développées pour les Flux, les Explorations et les newsletters, des embauches auront lieu. Nous pourrons sans doute vous en dire plus au moment de notre deuxième anniversaire, début mai. De fait, le changement de propriétaire ne change pas l’objectif: établir en Suisse romande un nouveau média ouvert, utile et audacieux, sans publicité et financé par ses lecteurs, pour expliquer et explorer le XXIe siècle avec des journalistes qui savent de quoi ils parlent.