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«La Suisse vient de frôler deux blackouts électriques»

Philippe Petitpierre, président d’Holdigaz. | Keystone/Dominic Favre

Le site de l'Organisation pour l'approvisionnement en électricité en cas de crise (Ostral) a publié à la mi-octobre une vidéo dans laquelle le président de la Confédération Guy Parmelin évoque la possibilité de pénuries d’électricité en 2025. Il appelle les entreprises à se préparer à la possibilité de coupures volontaires pour éviter des blackouts.

Face à cette situation, le patron d’Economiesuisse appelle à un retour du nucléaire, tandis que le conseiller national socialiste Roger Nordmann soutient un projet de 2000 petites centrales à gaz. Faisable? Et à quelles conditions? Heidi.news a demandé son analyse à Philippe Petitpierre, qui est en quelque sorte «Monsieur gaz naturel» en Suisse.

Pourquoi c’est la quadrature du cercle. La sortie du nucléaire en Suisse pose la question de son remplacement. La demande d’électricité va aussi augmenter avec la mobilité et le chauffage électrique. La question est particulièrement délicate au moment des pics de demandes hivernaux, qui étaient jusque-là comblés principalement par des importations: de l’ordre de 20% de l’électricité consommée depuis l’Allemagne.

Or l’Allemagne, qui sort du nucléaire en 2022 et du charbon en 2035, a fait le choix du renouvelable mais aussi du gaz naturel pour sa production d’électricité. Mais pas à des niveaux suffisants pour continuer d’exporter cette énergie. La Suisse fait aussi face à l’absence d’accord avec l’Union Européenne sur l’électricité. Doit-elle se résoudre à investir dans une énergie qui produit du CO2 alors qu’elle n’avait jusqu’ici pas de centrales à énergies fossiles?

Philippe Petitpierre est le président de Holdigaz, une holding qui regroupe depuis 2005 à la fois des distributeurs de gaz naturel et des entreprises ayant un lien avec le gaz naturel. Elle est principalement active dans le canton de Vaud. Philippe Petitpierre est aussi vice-président de Swissgas, la plateforme commune aux entreprises de gaz régional qui assure une bonne partie de leur approvisionnement. Il est aussi le représentant de la Suisse à Eurogas et à l’International Gas Union.

Heidi.news — Le Conseil fédéral évoque la possibilité de pénuries d’électricité d’ici 2025, qu’en pensez-vous?

Philippe Petitpierre — C’est dommage que ce soit à quelqu’un de l’industrie du gaz de le dire, mais ces blackouts pourraient intervenir bien avant 2025. La Suisse vient de passer très près de deux blackouts, l’un en mai 2020 et l’autre récemment. Et nous n’étions même pas en hiver, quand la demande augmente.

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