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EXCLUSIF — Un procureur fédéral se livre à l'heure de prendre sa retraite

Photo Yves Leresche (DR)

Le fait est rare. Un procureur fédéral qui se prête sans détour à l’exercice d’une interview sur l’efficacité et les défis de son action, dans le domaine sensible de la lutte contre la criminalité économique. Mais il y a une explication simple: un départ à la retraite imminent, à la fin du mois de mai, qui atténue le silence imposé par le code de procédure pénale et le devoir de réserve.

Ce procureur se nomme Patrick Lamon. Après une carrière de juge d’instruction dans le canton de Fribourg, il intègre le Ministère public de la Confédération en 2001. Son entrée en fonction coïncide avec une révolution législative, entamée à un rythme soutenu avec l’avènement de nouvelles normes internationales. La loi sur le blanchiment d’argent venait d’entrer en vigueur, tout comme l’article du code pénal faisant de la corruption d’agent public étranger un crime. Jusqu’alors, la commission versée à un fonctionnaire étranger pour obtenir une faveur était déductible des impôts…

Malgré l’abandon du secret bancaire dans sa version la plus stricte, la Suisse demeure la principale place financière pour la gestion de fortune transfrontalière. Et elle continue d’être fortement exposée au blanchiment de valeurs issues d’infractions – ce qu’on appelle le crime préalable. Le Groupe d’action financière (GAFI) recommande régulièrement à la Confédération de durcir son arsenal répressif, tandis que l’OCDE a critiqué, en 2018, le fait que les sanctions en matière de corruption ne soient pas suffisamment «effectives, proportionnées et dissuasives».

En tant que procureur, Patrick Lamon a instruit certaines affaires retentissantes en lien avec l’Asie centrale. Depuis 2016, il officie en outre comme responsable du blanchiment d’argent au MPC, fonction qu’il cède aujourd’hui à son collègue Gérard Sautebin. Ce rôle l’a conduit à faire partie de différents groupes de travail, nationaux ou internationaux, pour tenter de juguler le flux d’argent d’origine criminelle, et a fait de lui l’un des praticiens les plus qualifiés du pays dans le domaine.

Heidi.news — En matière de criminalité économique, les infractions paraissent abstraites. Pourquoi faut-il poursuivre la corruption et le blanchiment d’argent?
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