Dans une interview donnée au journal du CNRS (FR), les deux principaux auteurs, les sociologues Antonio Casilli et Paola Tubaro, précisent la portée de leur rapport:
D’où vient le microtravail? Par microtravail, on désigne des tâches courtes, proposées par des plate-formes spécialisées. La première d’entre-elles, Amazon Mechanical Turk, lancée dans les années 2000, permet une large gamme de tâches: traduction, modération… Des tâches souvent rébarbatives, mais ne pouvant être automatisées.
À quoi sert-il? Paradoxalement, le travail du clic sert très souvent à alimenter les algorithmes d’intelligence artificielle, qui requièrent des données préalablement nettoyées et étiquetées. C’est pour cela qu’un site web vous demande de confirmer que vous n’êtes pas un robot, vous propose d’indiquer où se situent les voitures ou les devantures de boutiques sur une image. Lorsque vous vous exécutez, vous fournissez gratuitement un travail du clic.
Les conséquences sociales. Au-delà de la faiblesse des rémunérations au vu du temps passé à comprendre des consignes parfois complexes, les auteurs pointent les risques psycho-sociaux nouveaux inhérents à ces activités: par exemple, pour les modérateurs de contenus, de se retrouver à modérer des contenus violents ou caractère pornographique.
Et en Suisse? La Suisse est également concernée. En 2017, une étude du syndicat Syndicom (DE) s’intéressait au travail à la tâche, commandé par des plate-formes numériques. Le syndicat pointait déjà le manque de couverture sociale de cette nouvelle forme de travail.