Pour la première fois, une capsule SpaceX réutilisée pour un vol habité

C’est finalement ce 23 avril à 11h49 — heure en Suisse — plutôt que la veille, en raison des conditions météorologiques, que les astronautes Thomas Pesquet (France), Shane Kimbrough, K. Megan McArthur (Etats-Unis) et Akihiko Hoshide (Japon) se sont énvolés vers la Station spatiale internationale (ISS). Ce vol voit Thomas Pesquet, qui va entamer son deuxième séjour dans l’espace, devenir commandant de bord de la station. Leur séjour doit durer environ six mois.

Pourquoi on en parle. Les rotations d’équipages sont assez régulières: des capsules habitées s’y amarrent plusieurs fois par an: au total, 243 personnes de 19 nationalités différentes ont visité la station en orbite autour de la Terre. Surtout, ce nouveau décollage éntérine le changement de paradigme commercial pour les agences spatiales: les vols habités vers la station — hormis les vols russes — pourront désormais être assurés par des acteurs privés comme SpaceX.

Le changement de paradigme. Après le succès du premier vol habité réalisé à bord d’une capsule SpaceX au printemps 2020, c’est désormais ce matériel — réutilisable pour limiter les coûts — qui a vocation à être utilisé pour tous les lancements de la Nasa pour l’ISS. Auparavant, il fallait utiliser des vaisseaux russes Soyouz. Lionel Ferra, instructeur d'astronautes à Cologne (Allemagne) pour l'Agence spatiale européenne (ESA), décrivait à Heidi.news il y a quelques mois:

«A la clé, c’est un vrai changement de paradigme dans notre façon de travailler, car nous n’achetons plus qu’un simple ticket de taxi. Avant, on pouvait échanger avec l’agence responsable de la capsule pour adapter à la marge la couleur d’un bouton, maintenant ce n’est plus possible.»

Le matériel spatial. Pour la première fois, la firme de SpaceX va réutiliser une capsule Dragon déjà utilisée pour un précédent vol habité. Il s’agit de la capsule Crew Dragon Endeavour, déjà utilisée pour le premier vol habité de SpaceX, et revenue sur Terre en août dernier. Celle-ci est capable de s’arrimer de façon autonome à l’ISS.

Le lanceur en lui-même, une fusée Falcon 9, est également partiellement réutilisable. Le premier étage a ainsi déjà utilisé au cours d’un précédent vol d’essai. Il sera normalement récupéré en mer à l’issue du lancement à l’aide des barges autonomes de SpaceX.

L’intérêt pour la recherche. Le grand intérêt des capsules Dragon, par rapport aux vaisseaux Soyouz, est aussi qu’ils peuvent contenir non plus seulement trois, mais désormais quatre astronautes, expliquait à Heidi.news Frank De Winne, directeur du centre d’entraînement des astronautes de l’ESA, lui-même ancien astronaute et premier commandant européen de l’ISS en 2009:

«Cela permettra d’avoir jusqu’à sept astronautes en même temps à bord de l’ISS, ce qui libérera du temps pour réaliser des expériences scientifiques à bord du module européen Colombus. En effet, les tâches de maintenance de la station occupent deux à trois astronautes à temps complet.»

Le programme scientifique de la mission comporte d’ailleurs plus de 100 expériences. Un exemple: des expériences pour étudier le vieillissement dans l’espace de cellules souches de cerveau. Deux sorties spatiales sont également programmées au cours des six mois de la mission.

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