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Séismes en Turquie et Syrie: «J’ai été surpris par la violence de la seconde secousse»

Plus de 3000 immeubles sont tombés depuis le premier séisme. | Keystone / EPA /DENIZ TEKIN

La Turquie et la Syrie viennent d'être touchés par deux séismes de magnitude supérieure à 7,5, suivis de répliques. Que se passe-t-il dans le plateau anatolien? On en parle avec György Hetényi, sismologue à l'Université de Lausanne.

Les premières secousses ont été ressenties aux alentours de 4h17 (2h17, heure de Genève), ce lundi 6 février 2023, près de la ville de Gaziantep, dans le sud de la Turquie, près de la frontière syrienne. De magnitude 7,8, il a été suivi par une multitude de répliques, et d’un autre séisme de magnitude 7,5. De quoi surprendre les spécialistes, qui n’attendaient pas des événements de telle ampleur à cet endroit.

Une région sismique active. La Turquie est située au croisement de quatre plaques tectoniques: Anatolie, Eurasie, Arabie, Afrique. Le risque sismique est donc élevé. Selon le Service sismologique suisse de l’EPF Zurich, «un séisme de cette ampleur déplace les plaques terrestres de plusieurs mètres en l'espace de 30 à 40 secondes le long d'une faille de 180 à 200 km de long».

La grande région possède une histoire sismique mouvementée:

  • Dans l’Antiquité, la ville syrienne d’Antioche — désormais Antakya, en Turquie, à 150 km de Gaziantep — a été ravagée à deux reprises par des séismes majeurs, en 115 et en 526. Selon les historiens, les deux événements, espacés de quatre siècles, ont fait à chaque fois de l’ordre de 250’000 morts.

  • Le Service sismologique suisse de l’EPFZ rappelle que plusieurs autres séismes ont frappé la région dans l’histoire plus moderne, ceux de 1138 et de 1822 détruisant la ville d’Alep en Syrie.

  • Depuis 1970, la région a relevé trois séismes de magnitude 6 ou plus, dont le plus important, en date du 24 janvier 2020, avait une magnitude de 6,7.

Voir aussi: Quand les continents terrestres vont de nouveau fusionner

Nous avons demandé à György Hetényi, professeur à la Faculté des géosciences et de l'environnement de l’Université de Lausanne, de nous expliquer la particularité des deux séismes survenu le 6 février 2023.

Heidi.news — Comment analysez-vous les séismes de ce 6 février dans le sud de la Turquie?

György Hetényi — Il est très important de noter qu’il y a eu deux grands séismes. Un premier, dans la nuit, évalué à une magnitude de 7,8 et un autre, dans la matinée, de 7,5. Il y a aussi eu des dizaines de répliques, qu’il faut différencier.

Pour le contexte, les tremblements de terre se produisent surtout aux limites de plaques tectoniques. Parfois, ces plaques sont grandes et leurs limites se définissent très bien sur une ligne. Il y a également des zones où ces plaques sont plus petites, notamment dans les Alpes ou l’Himalaya. Dans ce cas-là, elles se déforment les unes par rapport aux autres.

En Turquie, la plaque Eurasie, située au nord du pays, est assez grande. Au sud du pays, il y a d’autres plaques tectoniques: Arabie et l’Afrique qui essayent toutes les deux de se déplacer en direction du nord. Au milieu de ces plaques, il y a la plaque anatolienne qui comprend la plupart de la Turquie, la mer Egée et une partie de la Grèce. Celle-ci se déplace vers l'ouest par rapport aux autres plaques.

Déplacement motivé par deux grandes failles:

  • la nord-anatolienne, qui a provoqué le séisme de 1999 à Izmit (responsable de plus de 17’000 morts, ndlr.),

  • et une faille est-anatolienne, plutôt au sud du pays. C’est celle-ci qui a rompu ce matin. Cette faille est moins bien connue.

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