«Ma mission est de réfléchir à la future salle de soins sur Mars»
Matthieu Robert est spécialiste en design de santé et élève dans une école de création industrielle à Paris (ENSCI). C’est dans ce cadre qu’il a décroché un stage insolite au sein de la filiale santé du CNES, le centre d’études spatiales français: aider des ingénieurs et des médecins à réfléchir à la salle de soins… sur Mars. Un travail à la croisée entre le design et le jeu de rôle, qu’il nous décrit par le menu.
Posons le décor. Alors que le projet Artemis s’apprête à décoller, objectif Lune, les ingénieurs du spatial ont déjà la tête quelques millions de kilomètres plus loin, sur la planète rouge. La prochaine grande étape de l’exploration spatiale passera par Mars, avec une première mission habitée annoncée par la Nasa pour la décennie 2030, c’est-à-dire demain matin. Le sol martien est désormais à portée de botte.
Au sein du projet Spaceship du Centre national d’études spatiales (CNES) français, on réfléchit aux futures bases lunaire et martienne. Conditions de vie sur la planète rouge: peu riantes. Une atmosphère saturée de CO2, chargée de poussières, une température moyenne de -60 °C, des radiations intenses, et la planète-mère à au moins six mois de vaisseau… Par comparaison, le plateau de La Brévine en hiver est une promenade de santé.
La spéculation comme moteur. C’est dans ce contexte que Matthieu Robert, 37 ans, spécialiste en design médical, s’est retrouvé à organiser des ateliers atypiques. Le principe: rassembler des ingénieurs, médecins et experts du spatial dans une salle du CNES, à Toulouse, pour réfléchir à la future salle de soins sur Mars.
Le spécialiste en design raconte:
«On a décidé de ne pas partir sur un horizon trop lointain, en se basant sur les projections de la Nasa, quelques années après le premier débarquement initialement prévu autour de 2040. Différents scénarios ont été imaginés, pour une équipe de 6 à 8 astronautes, dont certains restent en orbite. Ils partent pour 800 à 1150 jours, sachant qu’il faut 300 jours de trajet environ pour l’aller, avec un petit tour par la Lune, où une base de lancement serait établie.»