La mort de l’article scientifique est-elle le futur de la recherche?

Unsplash / Aideal Hwa

Il est la pierre de touche, l’alpha et l’oméga de la réussite académique. L’article scientifique publié dans une revue à comité de lecture est la principale production des chercheurs, au point qu’on les compare parfois à des machines à transformer le café en papier. Avec sa structure monolithique, son introduction impeccable, sa méthodologie pointilleuse et sa conclusion qui coule de source – affublée de l’inévitable «further research is needed»–, il rassure, mais il agace. Certains ne détesteraient pas lui faire un sort, tel Stuart Ritchie, psychologue et communicateur scientifique écossais, qui signe dans le Guardian une tribune audacieuse pour réclamer la mort de l’article scientifique.

La parole à l’accusation. Les articles sont surtout utilisés à deux fins: présenter des résultats scientifiques et attester du travail des chercheurs qui les produisent. Ce double emploi conduit à des dérives bien connues: les aspérités, les échecs et les interrogations d’un travail de recherche sont souvent laissées sous le tapis, afin de fabriquer a posteriori un objet final irréprochable, capable de passer le filtre de l’éditeur. Et quand une erreur est repérée (ce qui est bien plus fréquent qu’on ne croit), obtenir de la revue que l’article soit modifié tient du chemin de croix. En somme, le format n’a guère évolué depuis l’ère du papier. Preuve en est, il s’échange encore surtout en PDF.

Quel remplaçant? Nous disposons pourtant d’un outil appelé internet, rappelle Stuart Ritchie, qui verrait bien le site remplacer l’article. L’idée: que chaque recherche soit publiée sur un mini-site permettant d’en visualiser les données, les analyses et les résultats de façon interactive et dynamique. Avec l’avantage de pouvoir évoluer au fil de l’ajout de nouvelles données, et de faciliter la réplication ou la réinterprétation des résultats par autrui. Comme un carnet de laboratoire interactif – un «notebook», dont l’usage est en plein essor dans plusieurs disciplines. Et ce, grâce notamment à la plateforme gratuite Jupyter. De là à penser qu’elle sonnera le glas du système de publication scientifique…

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