La fonte des glaciers pourrait favoriser l'émergence d'un virus pandémique

Vue sur la Chaîne de la Bernina, avec les glaciers du Pers et de Morteratsch, le mercredi 10 août 2022. | KEYSTONE/Gian Ehrenzeller

La prochaine pandémie pourrait surgir des entrailles des glaciers. C’est ce que suggère une étude publiée le 19 octobre dans la revue Proceedings of the Royal Society B et relayée par le Guardian. A l’extrême nord du Nunavut, au Canada, se situe le plus grand lac d’eau douce de l’Arctique — le lac Hazen. C’est là que des chercheurs de l’Université d’Ottawa ont séquencé le matériel génétique présent dans des échantillons de terre et de sédiments du lac, au pied de glaciers mourants.

Ils y ont identifié des signatures correspondant étroitement à celles de virus connus, ainsi qu’à des «hôtes» potentiels, animaux, plantes ou champignons. Or, les échantillons dans des zones d’écoulement importante des glaciers tendaient à montrer une distance génétique accrue entre les virus et leurs hôtes. Le signe que ces virus ont changé d’hôte récemment et sont encore en train de s’y adapter.

Conclusion de l’équipe: le risque de voir des virus sauter d’une espèce à l’autre — y compris, dans le pire des cas, vers l’homme — est accru par la fonte des glaciers.

Pourquoi c’est intéressant. Avec le réchauffement climatique, les glaciers et le pergélisol (sol gelé en permanence) disparaissent comme peau de chagrin, et peuvent libérer des bactéries et virus anciens — avec un risque théorique de passage chez l’homme. Cette perspective est étayée par de plus en plus d’études métagénomiques. En juillet 2021, par exemple, 33 virus anciens avaient été découverts dans un glacier tibétain – dont 28 qui étaient auparavant inconnus.

Les chercheurs canadiens n’ont pas encore quantifié le nombre de virus inconnus dans leurs échantillons — un résultat qu’ils espèrent communiquer ces prochains mois. Ils ne savent pas non plus si ces virus posent un risque réel d’infection.

«Tant que les virus et leurs vecteurs ("bridge vectors", les espèces servant de pont vers l'homme, ndlr.) ne sont pas présents dans l’environnement, la probabilité d’événements dramatiques (comme une pandémie, ndlr.) reste probablement faible», écrivent-ils. Néanmoins, à mesure que les températures augmentent, ce risque s’accroît considérablement, a déclaré Stéphane Aris-Brosou (Université d’Ottawa), qui a piloté ces travaux.

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A lire dans le Guardian (EN)