La Chine veut son «Nature» ou son «Science» pour peser en sciences
L’édition scientifique n’est pas qu’un vecteur de diffusion des savoirs, c’est un outil majeur de soft power. La Chine l’a bien compris, qui a beaucoup investi ces cinq dernières années. Avec un résultat encore modeste: sur les 100 revues scientifiques les plus influentes au monde, seules trois sont chinoises, d’après la China Association for Science and Technology. A l’occasion d’un congrès organisé le 13 juin 2022 à Pékin, les autorités politiques et scientifiques chinoises ont fait part de leur volonté de porter l’édition scientifique chinoise – dont une bonne part se fait déjà en langue anglaise – au premier rang. Le South China Morning Post, quotidien hongkongais de référence, s’en fait le porte-voix.
De quoi il s’agit. En matière d’influence, mesurée avec des outils comme le facteur d’impact, les revues chinoises sont loin de faire jeu égal avec leurs homologues occidentaux comme Science (américaine) ou Nature (britannique). A quelques exceptions près, comme la revue Engineering, spécialisée en ingénierie et mentionnée en conférence de presse comme un exemple à suivre. Pour muscler le jeu, les autorités chinoises souhaitent lancer 50 nouvelles revues scientifiques, enregistrer plusieurs revues étrangères dans le système domestique, stimuler la soumission d’articles via des «agences de publication compétitives» et lancer une plateforme de publication scientifique «de stature internationale». La guerre de l’édition est lancée.