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EN GRAPHES. La Chine, une superpuissance scientifique et technologique qui inquiète

Image d'illustration. | Keystone / EPA / WU HONG

L'essor de la Chine dans les sciences et techniques commence à devenir écrasant, s'inquiète l’Australian Strategic Policy Institute, qui en dresse un bilan éloquent. L'empire du Milieu semble sur le point de redevenir l'hyperpuissance technologique qu'il était au Moyen Âge.

La Chine serait en passe de devenir «la première superpuissance scientifique et technologique du monde». C’est la conclusion d’un rapport publié par l’Australian Strategic Policy Institute (ASPI), un think tank stratégique australien, le 2 mars 2023. Un document en forme d’électrochoc, étayé par des données très convaincantes. Voyons ce qu’il en est.

Pourquoi c’est important. Que la Chine domine la recherche sur l’énergie photovoltaïque n’étonnera personne, et ce n’est que justice puisque le pays fournit 80% des panneaux solaires de la planète. Mais que Pékin ait la haute main dans la plupart des domaines technologiques de pointe essentiels, devant les Etats-Unis et loin devant l’Europe, voilà qui mérite réflexion.

Si l’on n’y prend garde, s’alarme le think tank australien, la nature autoritaire du régime chinois fera que «le développement, les essais et l'application de technologies émergentes, essentiels et militaires» échapperont complètement au contrôle de la société civile et des médias.

Une domination massive. La Chine est donc première dans 37 des 44 domaines retenus, et présente un « risque monopolistique » dans huit d’entre eux: matériaux nanostructurés, revêtements, radiofréquences avancées (y compris 5G et 6G), hydrogène et ammoniac comme vecteurs énergétiques, supercondensateurs, batteries électriques, biologie de synthèse et capteurs photoniques.

Dans trois de ces domaines (matériaux nanostructurés, supercondensateurs et batteries électriques) les dix meilleures institutions sont exclusivement chinoises – dix sur dix! L’Académie des sciences de Chine, avec ses 116 instituts, domine complètement le classement, puisqu’elle est dans le top cinq des institutions dans 27 domaines sur 44.

Monopolistique, c’est-à-dire?

Pour établir leur classement, les auteurs du rapport ont passé au crible quelque 2,2 millions d’articles scientifiques publiés entre 2018 et 2022 et archivés dans le Web of Science Core Collection — une base de données de référence pour les revues scientifiques à haut impact. Ils ont sélectionné les 242’000 articles les plus cités.

Non content d’identifier le pays d’origine des institutions auxquelles se rattachent les chercheurs, le «tech tracker» sur lequel s’appuie leur analyse permet d’établir un palmarès des institutions de la recherche et le parcours de ceux qui les pilotent.

Comment est défini le «monopole» d’un pays dans un domaine, à même d’attirer les meilleurs scientifiques et ainsi se renforcer avec le temps? En combinant deux indicateurs:

  • si le pays est premier en volume de publications, loin devant les autres,

  • et si beaucoup d’institutions appartiennent à ce pays.

Les Etats-Unis ne sont jamais très loin de leur grand rival, mais ils ne sont désormais premiers que dans sept domaines, dont le calcul à haute performance, l'informatique quantique et les vaccins.

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