Je prends des nouvelles du morceau de papier que j'ai recyclé

Image d'illustration Pixabay / BRRT

Heidi.news est partenaire du concours des Jeunes Reporters pour l'Environnement, qui offre une plateforme aux jeunes pour s'exprimer sur les enjeux écologiques à travers des reportages journalistiques. Trois élèves du Centre de formation professionnelle continue de La Chaux-de-Fonds ont remporté l'édition 2022 du concours national, dans la catégorie 19-25 ans. Voici leur texte.

Vous êtes-vous déjà demandé ce que devenait le journal que vous amenez à la déchetterie? Nous sommes partis à la découverte de cet univers que l’on pensait connaître, mais qui nous a révélé beaucoup de surprises. Entre les spécifications techniques de chaque étape et les divers lieux par lesquels passe le papier, c’est un véritable voyage de plusieurs kilomètres qu’il traverse avant de réintégrer nos ménages. Mais quels sont les bénéfices de ce processus en Suisse? C’est ce que nous allons découvrir.

Notre constat. A  l’heure actuelle, nous surconsommons en permanence. Des tonnes de papier sont jetées chaque année mais que faire de tous ces déchets? Près de 53% du papier jeté est recyclé chaque année en Suisse. Grâce au recyclage, nous sauvons des déchets et leur redonnons une seconde vie. Mais il faut tout de même faire attention à ce que le processus de recyclage ne consomme pas davantage que l'incinération.

Quelques chiffres. Selon l’entreprise Swiss Recycling, en 2020, les Suisses auraient consommé 1'457'357 tonnes de papier. Sur ce nombre, seulement 283'534 tonnes n’auraient pas été collectées pour le recyclage, ce qui représente moins de 20%.

En comparaison avec le reste des matières recyclables, le papier est en haut du classement juste après le verre et l’aluminium qui sont chacun recyclés à 94%.

Le développement durable. Le réchauffement climatique menace de plus en plus notre Terre, c’est pourquoi nous parlons aujourd’hui de développement durable. Mais qu’est-ce que c’est concrètement? Il est défini comme un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures. Il prend en compte l’équilibre entre les trois piliers de la société: le social, l’économie et l’environnement.

Les étapes du recyclage du papier. Il y a plusieurs étapes dans le recyclage du papier: la collecte durant laquelle le papier est collecté; soit en déchetterie ou parfois même devant les portes des habitants. Ensuite, il y a le transport. Le papier collecté est transporté jusqu'au centre de tri le plus proche ou directement à l'usine de papier ou de carton de la région. Dans ces usines, il est d'abord trié manuellement ou à l'aide d'une machine. Une fois trié, il est compressé à l’aide d’une presse. Les premières étapes étant terminées, les papeteries dissolvent les fibres: les papiers sont mélangés à de l'eau dans un pulpeur, il en ressort un mélange humide et pâteux. Ensuite, on élimine à l’aide de procédé chimique toutes les encres d’impressions. Ce mélange passe alors dans la machine à papier dans laquelle la pâte à papier, ayant été nettoyée, couchée et lissée, est enroulée sur un grand tambour. Et voilà! Le papier peut maintenant être à nouveau utilisé.

Nos solutions trouvées sur le terrain. La Suisse est l’une des meilleures élèves en matière de recyclage. C’est pourquoi, à l’heure actuelle, la sensibilisation de la population sur les processus du recyclage de papier doit continuer à se faire. Il faut que nous soyons capables d’améliorer en continu notre tri, notre sensibilisation et nos connaissances à ce sujet. Par exemple, nous oublions souvent que certains types de papier ne se recyclent pas et ce que l’on pense donc recycler finit par être incinéré.

Lors d’une interview à ce sujet, Jasmine Voide, responsable en Suisse romande chez Swiss Recycling, a souligné cela: «Le meilleur moyen de protéger l’environnement est de ne pas consommer. Acheter et utiliser un gobelet en papier ou un carton à pizza qui, ayant été en contact avec de la nourriture ne peuvent donc pas être recyclés, ne font qu’aggraver la situation. Quoi qu’on dise, le recyclage pollue aussi.»

En résumé, le papier le plus écologique est celui que l’on n’utilise pas. Grâce aux nouvelles technologies, la population Suisse a diminué sa consommation de papier par la moitié ce qui est déjà un grand pas; bien que le numérique consomme également beaucoup d’énergie.

Il y a tout de même un point à ne pas négliger: certes nous sommes très avancés dans le recyclage de papier comme expliqué ci-dessus mais il ne faut pas se référer uniquement au recyclage. En effet, le fait de limiter notre consommation réduirait drastiquement les dégâts engendrés sur notre planète, car certes, le recyclage est très positif et évolue en permanence, mais ce n’est pas la solution à notre problème. C’est un des moyens que nous avons à disposition pour limiter les dégâts.

Le but ultime serait que nous, la population suisse, ne nous disions pas: «J’achète ce journal, car de toute manière, il sera recyclé», mais que nous réfléchissions à l’inverse: «Est-ce que j’ai réellement besoin de ce journal?» Seulement une partie de nos déchets est en réalité recyclée. Nous ne pouvons donc pas nous reposer dessus. Dans la situation climatique dans laquelle nous sommes, il faut que chacun remettre en question sa consommation. C’est un aspect fondamental du développement durable.

Autres pistes d’actions. Il existe une méthode appelée la méthode des 5R qui peut être mise en œuvre facilement afin d’éviter tout gaspillage. Les R sont: Refuser, Réutiliser, Réfléchir, Recycler et Repenser avant de jeter. Actuellement, très peu de personnes utilisent cette méthode aussi appelée l’économie circulaire. Nous sommes plus dans une économie dite linéaire: on produit, on achète, on utilise et on jette. Il suffirait que ce concept soit présenté aux enfants dès l’école primaire pour que notre mode de consommation change.

Durant notre enquête, nous avons également pu remarquer que le principal problème dans le déséquilibre de notre climat provient des énergies fossiles telles que le gaz et le pétrole. Autant au niveau du recyclage avec le plastique par exemple qui est incinéré et qui produit une grande quantité de CO2 ou au niveau de la consommation avec les litres d’essence que consomme chaque ménage à travers ses véhicules. Le papier est une matière propre et dégradable donc certes nous pourrons toujours nous améliorer en matière de recyclage du papier, mais d’autres domaines tel que ceux cités à l’instant doivent être traités en priorité.

Conclusion. Nous ne sommes pas encore parfaits en matière de recyclage du papier, mais ce que l’on peut dire, c’est que la société veut s’améliorer et les visions du développement durable qu’ont les populations changent petit à petit. Il faudra continuer à se battre pendant de longues années encore, mais nous sommes sur la bonne voie. Alors la prochaine fois que nous serons dans un magasin, nous réfléchirons à deux fois sur ce qui nous est réellement utile avant de l’acheter.