J’en suis réduit à trier les catastrophes climatiques!

Florent Hiard

Cela fait deux ans que je traite des questions climatiques pour Heidi.news. Et, j’en suis personnellement arrivé à devoir trier les catastrophes climatiques dont je peux faire un réel suivi:

  • tempêtes tropicales frappant l’Amérique du Nord et l’Inde,
  • coulées de boue au Japon,

  • dômes de chaleur au Canada,

  • canicule en Espagne et, malheureusement,

  • les nombreuses inondations qui nous touchent actuellement…

Et là, je ne parle que de quelques exemples en à peine un mois. L’incident de Cressier fait tristement penser au premier malade suisse du Covid, en février 2020, dont on voulait tout savoir juste avant que les événements ne s’emballent et qu’on ne puisse plus que compter les victimes.

Impossible de dire qu’on ne s’y attendait pas. La Suisse, comme une bonne partie de l’Europe occidentale, connaît depuis le mois de mai d’importantes intempéries, atteignant leur climax cette semaine avec des inondations généralisées et extrêmes. Une situation prévue dès le premier rapport du Giec… en 1990.

Désabusé, un poil résigné, le climatologue Jean-Pascal Van Ypersele, ancien vice-président du Giec, lisait jeudi à la RTBF ces quelques lignes qui ont déjà plus de trente ans:

«L’effet de serre accentuera les deux extrêmes du cycle hydrologique, c’est-à-dire qu’il y aura plus d’épisodes de pluies extrêmement abondantes et plus de sécheresses prononcées.»

Trente-et-un ans pour être précis. Trois décennies durant lesquelles les climatologues de tous pays se sont succédé aux micros des radios, sur les plateaux télés, dans les conseils scientifiques et autres task force, pour alerter de l’urgence. Pendant ce temps, les Etats auront attendu l’accord de Paris, en 2015, pour réellement se fixer des objectifs de limitation de leurs émissions de CO2. Des objectifs qui sont en général considérés comme largement insuffisants, menant la planète à un réchauffement au-delà de 3°C par rapport à l’époque pré-industrielle d’ici à 2050, et qu’on ne parvient même pas à atteindre, notamment en Suisse.

Durant ces trois décennies perdues, les émissions de gaz à effet de serre ont grimpé en flèche, de même que les températures.

Le météorologue Olivier Duding rappelait cette semaine la règle reliant température et teneur d’eau dans les masses d’air. Pour chaque degré d’augmentation de la température, cette teneur en eau augmente de 6 à 7%, augmentant de fait la violence des précipitations. Avec des températures globales qui risquent de monter encore de 2 à 3 degrés dans les prochaines décennies, soit 4 à 6 degrés pour la Suisse où le réchauffement climatique est plus rapide, je vous laisse faire le calcul et imaginer la violence des intempéries dans les années à venir à la moindre dépression s’installant au-dessus de nos têtes, notamment en été.

Résultat: le niveau de précipitations actuel est inédit depuis 70 ans et les six crues les plus importantes de l’Aar depuis un siècle ont toutes eu lieu après 1999, d’après les données de l’Ofev et en comptant les évènements actuels. Les autres années, à quelques exceptions, ont été marquées par les canicules et la sécheresse. Vous vouliez voir à quoi ressemblera le monde d’après? L’été 2021 offre un avant-goût assez brutal.

Reste à voir ce que le nouveau plan climatique de l’Union européenne, ambitieux sur le papier, apportera vraiment pour diminuer les émissions de CO2 du vieux continent et limiter la casse. En attendant, La Suisse retient son souffle à la moindre nouvelle annonce de pluie, l’Allemagne et la Belgique, elles, comptent leurs morts et moi, je tente de suivre le rythme.