La suite, vous la connaissez. Son geste de protestation a été le déclencheur d’un mouvement planétaire: la grève scolaire pour le climat. Une gigantesque machine était lancée. De quelques personnes autour d’elle, les regroupements informels se transforment en manifestations massives à travers le monde. Les interviews des médias locaux se transforment en appels des Nations Unies pour prononcer un discours. En un claquement de doigts, la lycéenne passe d’inconnue à égérie médiatique. C’est ainsi que je l’ai vu évoluer, comme presque tout le monde.
Humaine avant tout. Mais je ne la connais pas vraiment. Ardente défenseuse de la cause climatique, bouleversante dénonciatrice, c’est bien la seule et unique facette de Greta qui m’a été donné de voir. Jusqu’à aujourd’hui, dans le film de Nathan Grossman, qui gratte le vernis. Derrière les paroles enflammées, j’ai redécouvert que Greta est un être humain, comme vous et moi. Avec des rêves, des opinions et un avenir incertain.
Non pas que cela me surprenne, mais je me laisse parfois emporter par l’idée que les stars, à force d’idolâtrie, perdent d’une façon ou d’une autre une part de leur humanité, ternie par le flash des paparazzis. Je l’ai vu sous un nouveau jour, en train de danser et à cheval. Greta qui rit, Greta qui pleure. On la voit confier:
«C’est une telle responsabilité. C’est trop pour moi, je sais que c’est important et je connais les enjeux, mais c’est une telle responsabilité.»
L’intimité est de mise dans le film. Je ne pensais pas sa relation avec son père si profonde. Je ne pensais pas que, comme moi, parfois, elle préfère parfois la présence des chiens à celle des humains. Greta Thunberg, personnification de nos idées de justice environnementale et de protection de la nature, reste profondément humaine, trop humaine.
L’image publique. Rapidement, Greta est partout. Elle donne un discours ici, ou là-bas. Le film rappelle à quel point l’image publique de Greta a été utilisée, celle-ci invitée parfois à des fins de greenwashing, en guise de caution climatique. Parfois pour dénoncer la construction de nouvelles mines de charbon. Mais aussi aux Nations Unies, face aux pires sourds qui soient: ceux qui ne veulent pas entendre.
«Je ne comprends pas pourquoi je suis invitée, j’ai l’impression d’être là pour qu’ils puissent montrer qu’ils en ont quelque chose à faire [du changement climatique] mais ils ne font rien.»
Greta, je te comprends. Comment ne pas penser autrement face à l’urgence climatique, lorsque la quantité de gaz à effet de serre atteint de nouveaux sommets chaque année dans l’atmosphère. Comment ne pas y penser quand on répète sans arrêt les mêmes choses et que rien ne bouge.
Le rôle médiatique. «Mais Greta, tu n’apportes aucune solution aux problèmes que tu pointes du doigt», tempêtent ses détracteurs. Mais est-ce son rôle pour autant? Elle est la voix d’une génération qui prône le changement, l’image d’une jeunesse aux convictions écologiques fortes, le porte-étendard d’un mouvement international avec un seul objectif en tête: la protection de notre planète.
Elle répond à un besoin en adoptant ce rôle militant. Et cela, au même titre que les scientifiques qui démontrent au quotidien l’impact de nos actions sur le climat, et qui sont alarmistes parce que leur rôle est de dire la vérité. Maintenant, il est temps pour les décideurs de jouer le leur, et la COP26 à Glasgow arrive à grand pas.