La réponse de Sarah Sermondadaz, journaliste climat à Heidi.news. Chère Mélina, c’est une excellente question! Il est vrai que dans l’actualité, on nomme familièrement ces grands sommets par un acronyme (COP) suivi d’un numéro. Celui-ci désigne le nombre de fois où cette grande conférence mondiale a eu lieu. En 2022, étaient ainsi prévues:
La COP27 à Charm el-Cheikh, en Egypte, du 6 au 18 novembre,
Et la COP15 à Montréal, au Canada, du 7 au 19 décembre.
Mais on oublie souvent de préciser: COP27 sur les changements climatiques ou COP15 sur la diversité biologique! Si l’on prend la peine d’écrire ces intitulés complets, on comprend ce qu’il en est: on ne parle tout simplement pas des mêmes sommets.
Le premier réunit les décideurs politiques autour des grands enjeux de la biodiversité,
et le second, de ceux du changement climatique.
Mais qu’est-ce c’est? Revenons sur cet acronyme mystérieux: COP veut dire Conférence des Parties. Le jargon semble un peu compliqué, mais l’idée est très simple: c’est un terme des Nations-unies qui désigne les conférences où se réunissent les signataires — on parle de «parties» — d’une convention internationale.
En pratique, certaines négociations des COP se déroulent à huis-clos. Mais en marge de celles-ci, on retrouve aussi, en plus des décideurs, des experts et une partie de la société civile. Lobbies, associations, ONG… Sans compter les journalistes, bien sûr. Bref, il y a du monde!
Des COP à tiroir. Pour compliquer un peu les choses, un même sommet peut parfois concerner plusieurs conventions à la fois!
La COP27 a ainsi réuni pour la 27e fois les pays signataires de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC),
Elle a aussi accueilli la 17e réunion officielle des parties signataires du protocole de Kyoto — l’un des ancêtres de l’accord de Paris, signé en 1997 et entré en application en 2005, qui vise à réduire les émissions des six principaux gaz à effet de serre. Pour s’y retrouver, les diplomates l’appellent CMP, et non COP.
Et comme l’accord de Paris, signé en 2015, est entré en vigueur en 2017, c’est aussi la quatrième réunion des parties à l'Accord de Paris de 2015. Les diplomates l’appellent CMA.
Et pour la biodiversité? C’est un peu pareil:
- La COP15 réunit pour la 15e fois les pays signataires de la Convention sur la biodiversité (CBD), qui a été signée en 1992 à Rio à l’occasion du fameux sommet pour la Terre — l’une des premières réunions internationales à se préoccuper de climat et d’environnement, renouant avec le multilatéralisme après la fin de la Guerre froide.
- Là aussi, d’autres conventions internationales y sont adossées. Pour ne pas toutes les passer en revue, citons seulement le protocole de Nagoya sur l'accès et le partage des avantages, signé en 2010. Il indique que les ressources génétiques sur le vivant doivent être partagées équitablement.
Toutes sortes de COP. Il existe bien d’autres conventions internationales, plus ou moins médiatiques, dont les Etats signataires se réunissent au cours de COP pour prendre les grandes décisions sur ces sujets.
Au-delà du climat ou de la biodiversité, on peut par exemple citer:
La convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction,
La convention sur l'interdiction des armes chimiques,
ou la convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontières de déchets dangereux et de leur élimination,
Il n’existe donc, non pas une, mais beaucoup de COP différentes. Mais force est de reconnaître que c’est d’abord pour les COP sur le climat qu’elle est entrée dans le langage courant. Pour briller en société, la prochaine fois que quelqu’un vous parlera de la COP, demandez-lui de préciser laquelle!