Chez la souris la peur et la douleur sont contagieuses

unplash/Robina Weermeijer

Cet article a été initialement publié en allemand par notre partenaire éditorial Higgs.ch.

Si l’on voit quelqu’un trembler de peur, des frissons nous parcourent aussitôt l’échine. Et nous ne sommes pas les seuls: nous partageons cette réaction avec d’autres animaux. Cela a été démontré récemment par des expérimentations avec des souris. Les équipes scientifiques ont cherché à savoir quelles régions du cerveau étaient activées lors de cette transmission des émotions, qui est une forme d’empathie. Les résultats ont été publiés dans la revue Science.

Pourquoi c’est important. Comprendre comment la douleur et la peur sont transmises pourrait ouvrir la voie à de nouvelles possibilités thérapeutiques, en particulier pour les pathologies neuropsychologiques. Cela permettrait aussi de lever un mystère, qui reste encore une énigme: comment l’empathie naît-elle dans le cerveau?

Et pourc ause: pour l’heure, personne ne sait précisément comment l’empathie se forme dans le cerveau. Pourtant, cette fonction, qui nous permet de percevoir les sentiments d’autrui, régit notre vie sociale, et fournit une base essentielle à nos décisions morale.

L’étude. Les chercheurs ont élaboré un modèle d’observation des interactions sociales entre deux souris, qui repose sur une expérience d’une heure. Le protocole était le suivant: la première souris se contentait d’être à côté de la seconde, pendant que les chercheurs provoquaient trois états artificiels chez la seconde souris.

  • Pour le premier, les chercheurs lui ont fait une injection causant des douleurs semblables à celles de l'arthrite.

  • Pour le second état, les chercheurs ont traité la souris souffrante avec un antidouleur.

  • Enfin, pour le troisième état, les chercheurs ont terrifié la souris, celle-ci s'est figée de peur.

Pour la souris observatrice, bien qu’indemne, l’expérience n’a pourtant pas non plus été de tout repos.

  • Lorsque l’autre souris souffrait, elle montrait aussi des signes de douleur.

  • Lorsque la première souris recevait un antidouleur, elle se détendait elle aussi.

  • Et lorsque sa camarade se figeait de peur, elle se figeait aussi.

Toutes ces réponses chez la souris observatrice duraient pendant quatre heures.

Ce qu’il se passe dans le cerveau. En utilisant des techniques d'imagerie, les chercheurs ont découvert que le cortex cingulaire antérieur, une zone du cortex cérébral, était actif dans ce processus de transmission des émotions. À partir de cette zone, des signaux ont été envoyés dans le noyau accumbens en cas de douleur. Et s’il s’agissait de peur, les signaux étaient envoyés dans l’amygdale, une autre zone cérébrale.

Comment les chercheurs ont-ils pu s’assurer que la souris observatrice n’imitait pas simplement le comportement de l’autre souris, sans ressentir vraiment d’empathie? En bloquant le contact visuel entre les deux souris. La souris observatrice a réagi de la mêle façon lorsqu’elle était simplement couchée dans la même litière que la souris apeurée ou ayant mal. La simple odeur de la souris tourmentée semblait ainsi suffire pour lui communiquer douleur ou peur.

L’étude à la loupe

L’étude. Anterior cingulate inputs to nucleus accumbens control the social transfer of pain and analgesia

Le commentaire. Ce sont des expériences menées sur des souris. Les résultats ne peuvent donc pas être transposés chez l'homme, mais ils fournissent des indices sur la façon dont la transmission de la douleur et de la peur pourrait fonctionner dans le cerveau.

Le niveau de fiabilité. Evaluation par les pairs.

Le type d'étude. Expérience en laboratoire.

Le financement. UCSF Dolby Family Center for Mood Disorders, National Institute on Drug Abuse, Stanford University School of Medicine.