L’étude. Les premières études quantitatives, publiées en décembre, apportent un éclairage supplémentaire. 671 travailleurs en mer y ont participé, entre juillet et septembre 2020.
Près de 73% des participants ont déclaré se sentir anxieux et inquiets.
Environ 42% se sont sentis déprimés ou désespérés plusieurs fois ou tous les jours au cours des sept derniers jours.
Encore plus inquiétant: selon une autre enquête, 85 % de 400 marins interrogés s'inquiètent de la santé mentale de leurs collègues à bord.
84% craignent pour leur avenir professionnel et le renouvellement de leur contrat de travail.
La situation de crise. Elle est exacerbée par le fait que certains de ces marins sont en mer depuis près d'un an et demi, selon l'Organisation internationale du travail. Or selon la convention du travail maritime de 2006, la durée maximale légale d’un séjour en mer est de onze mois. Certains équipages manquent de nourriture et n’ont pas de suivi médical. Pire encore, malgré leur séjour forcé à bord, tous les membres d'équipage n'obtiennent pas de prolongation ou de renouvèlement de leur contrat de travail.
Rester en contact avec ses proches n'est non plus pas évident: près de la moitié des marins ont des difficultés pour contacter leur famille. L'accès à l'internet pose problème: il est souvent coûteux et lent.
Un métier indispensable. Pour toutes ces raisons, les auteurs de l’étude recommandent de classer le travail en mer dans la catégorie des «métiers indispensables». Cela donnerait aux marins, entre autres, priorité en matière de vaccination, et les exempterait de certaines restrictions pour voyager.
L’étude à la loupe
L’étude. Seafarers’ well-being in the context of the COVID-19 pandemic: a qualitative study
Le commentaire. L'échantillon pourrait être biaisé, car il n'est pas randomisé. En outre, la majorité d'entre eux étaient des marins de rang supérieur, c'est-à-dire des capitaines et des ingénieurs. Les résultats de l'étude ne peuvent donc pas être généralisés à l'ensemble des gens de mer. Cependant, l'échantillon est relativement important, surtout pour une population difficile à étudier en termes généraux. L'étude peut donc fournir quelques indices valides.
La fiabilité. Revue par les pairs, 752 marins interrogés en avril et mai 2020.
Le type d’étude. Etude qualitative d'observation/enquête.
Le financement. Non spécifié.
Traduit et adapté de l’allemand par Dorothée Fraleux et Sarah Sermondadaz