«On pense que c'est une perturbation de la fonction des neurones sensoriels qui se trouvent à l'intérieur du nez, qui est le résultat de l'infection de Sars-CoV-2.»
Le virus, quand il pénètre dans notre nez, infecte les cellules de soutien des fosses nasales, à côté des neurones olfactifs, et perturbe leur fonctionnement. Le résultat, c’est «soit une perte d'odorat complète qu'on appelle une anosmie, ou alors une perte partielle qu'on appelle une hyposmie.»
Le virus progresserait des fosses nasales vers le bulbe olfactif, la région du cerveau dédiée à l’odorat. Cette «porte d’entrée aux agents infectieux» est l’une des hypothèses pour expliquer la présence du virus dans d’autres zones du cerveau:
«A l'interface entre les neurones sensoriels du nez et notre cerveau il y a des petits trous dans notre crâne (dans la plaque cribriforme, nldr.) à travers desquels passent les projections de nos neurones sensoriels pour rejoindre les neurones à l'intérieur du cerveau.»
Mais la recherche est encore en cours sur ce processus que l’on ne comprend pas encore parfaitement:
«En réalité, on ne sait pas exactement ce qu'il se passe, par contre, ce que l'on a identifié c'est une cible potentielle du virus à l'intérieur du nez.»
Et le goût, alors? L'infection peut aussi affecter la perception du goût, mais en réalité, au plan anatomique, c’est souvent l’odorat qui est en cause. Ivan Rodriguez:
«On associe souvent l'anosmie, la perte olfactive, et l'agueusie, la perte du goût. Parfois à juste titre, et parfois pas.»
Il poursuit: «La réalité, c'est que ce que l'on considère être le goût dans la population générale, c'est en grande partie l'odorat. Donc souvent, les personnes qui indiquent avoir perdu le goût suite à une infection au Sars-CoV-2 ont perdu l'odorat. Ceci dit, il est aussi vrai que certaines personnes perdent réellement le goût.»
L’odorat perdu à jamais? En général, les neurones ne sont pas capables de se répliquer. Ivan Rodriguez:
«Si on perd les neurones de nos yeux, dans la rétine, on ne les récupère pas, parce qu'ils ne se redivisent pas.»
Fort heureusement, le système olfactif est doté de cellules capables de se répliquer. En clair, les neurones de notre nez se renouvellent régulièrement, en quelques semaines. C’est grâce à cette particularité que la perte de l’odorat ne dure pas chez l’homme. Et Ivan Rodriguez d’ajouter:
«Non seulement les neurones vont se diviser et se multiplier à l'intérieur du nez mais ils vont réussir à rentrer à nouveau, à projeter à l'intérieur du cerveau et à reconnecter les neurones sensoriels aux neurones qui se trouvent à l'intérieur du cerveau.»