Les scientifiques ne font pas ces recherches avec l’ordinateur qui vous sert à jouer à Tetris, ils utilisent l’une des plus puissantes machines au monde, l’ordinateur Jean Zay, situé à Paris, qui permet de faire en quelques heures des calculs que votre PC mettrait des milliers d’années à réaliser! En «jouant» ainsi, ils ont obtenu des modélisations très réaliste du virus, leur permettant de mieux comprendre son fonctionnement.
Leur gigantesque Tetris permet d’avoir une vue, certes numérique, mais très réaliste du coronavirus, qui ressemble à cela: un virus contenant un brin d’ARN (où est stockée l’information) et entouré d’une couronne d’épines, dites Spikes (ci-dessous en jaune à gauche), qui donnent au virus son nom et qui lui permet de s’arrimer à nos cellules. Ci-dessous au centre, une de ces «épines» en détail. Et à droite, une épine «Spike» (en bleu et rouge) qui s’accroche à la protéine spécifique ACE2 (c’est son nom scientifique, en gris) de nos cellule.
C’est cette sorte de maquette virtuelle du coronavirus que les chercheurs vont s’employer à attaquer. Toujours avec l’ordinateur Jean Zay, ils vont la bombarder de millions de molécules différentes (hydroxychloroquine, antiviraux comme ceux utilisés contre le VIH…), comme dans un jeu de shoot them up, afin de sélectionner les meilleures molécules, c’est à dire les molécules les plus efficaces pour empêcher les épines de s’accrocher à nos cellules, ou tout simplement les molécules qui vont rendre le virus inactif, le tuer en somme.
Les molécules les plus prometteuses identifiées grâce à ce Tetris/shoot them up sont ensuite testées «in vitro», en laboratoire. Une méthode qui permet d’accélérer grandement la recherche et qui a contribué à identifier des antiviraux efficaces contre le VIH. Premiers résultats sur le coronavirus attendus dans quelques mois…