Une ONG dénonce la psychiatrie punitive en Chine
Quand l’hôpital n’est qu’une prison. Safeguard Defenders vient de publier, le 16 août 2022, un rapport sur les enfermements d’opposants en Chine, repris dans Le Monde. L’ONG européenne, qui s’appuie sur le travail d’associations locales, a identifié 99 personnes hospitalisées contre leur gré entre 2013 et 2021, dans une centaine d’hôpitaux du pays. Ce système est souvent baptisé «Ankang», du nom des hôpitaux psychiatriques de sécurité mis en place en 1988 et renommés depuis, mais l’immense majorité des cas concerne les institutions psychiatriques normales du pays. Au point que l’expression «se faire malade-mentaliser» («bei jingshenbing») est entrée dans le langage courant en Chine.
La face cachée de l’iceberg. Les 99 internés de force sont «la face cachée de l’iceberg», estime l’ONG, qui s’emploie à mettre en lumière les noms et les parcours de ces victimes du système Ankang. Deux profils émergent: des citoyens ordinaires ayant émis des plaintes via les canaux officiels, très majoritaires, et quelques militants des droits de l’homme ayant manifesté ou protesté de façon publique. Aux internements forcés, parfois répétés des dizaines de fois, s’ajoutent souvent des pratiques telles que la contention prolongée, des violences physiques, l’administration forcée de médicaments ou d’électrochocs – infligés sans anesthésie, ce qui relève de la torture.