Une étude centrale sur l’ivermectine soupçonnée de fraude

Distribution d'ivermectine à Quezon, dans les Philippines, en avril 2021. (Image d'illustration.) | Keystone / EPA / Rolex Dela Pana

Sur le papier, c’était une des preuves les plus fortes en faveur de l’ivermectine — au sein d’un paysage mitigé. Un essai contrôlé randomisé réalisé auprès de 600 volontaires par des médecins de l’université Benha, en Egypte, semblait montrer un effet majeur de cet antiparasitaire pour prévenir l’infection Covid-19 et la mortalité liée. Las, l’étude prépubliée en novembre 2020 sur Research Square vient d’être retirée par les éditeurs de la plateforme, «pour cause de problèmes éthiques». Les retours et analyses d’autres chercheurs montrent des manipulations de données très douteuses, indique le Guardian, qui revient sur l’affaire. Des dossiers de patients ont même été dupliqués, ce qui suggère une fraude volontaire.

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Pourquoi ce n’est pas si étonnant. L’ivermectine contre Covid-19 a suivi peu ou prou la même trajectoire que l’hydroxychloroquine. Bon marché, accessible, cet antiparasitaire aurait pu être un excellent candidat au repositionnement… pour peu qu’il soit efficace. La démonstration d’un effet antiviral in vitro à haute dose et quelques observations de terrain ont ainsi donné lieu à une utilisation extensive en Amérique latine et en Afrique, avec un essor d’études de qualité très variable – sur fond de prime à la publication, d’espoirs et d’affrontements idéologiques. Prise dans son ensemble, la littérature scientifique tend pour l’heure à montrer qu’on est très loin de la panacée, la molécule ayant un intérêt sans doute nul ou marginal contre Covid-19. Quelques essais solides sont en cours, notamment à Oxford.

A lire dans le Guardian (EN)