Un magnifique portrait de menteur pathologique

A 36 ans, Christopher Massimine a escaladé le Mont Everest, entretenu une relation avec la sœur de Kim Kardashian, reçu le prix de l’Humanitaire de l’année. Sauf que rien de tout cela n’est vrai. Cet ancien directeur de théâtre, à New York et Salt Lake City, a contacté de lui-même le New York Times après avoir vu sa brillante carrière exploser en vol un an plus tôt, pour cause de CV trafiqué. Le journal américain en a tiré un portrait de menteur compulsif, piquant et sensible. Il relate une vie tissée de mensonges de plus en plus fantasques, l’homme allant jusqu’à commander de faux articles le qualifiant de «Mastermind» ou d’homme «le plus intéressant du monde». «Peut-il s’arrêter de mentir?», s’interroge le Times, et c’est une épineuse question.

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Pourquoi on vous en parle. Fascinant en soi, ce portrait s’attache aussi à poser quelques enjeux. Les mythomanes cèdent-ils à la facilité d’une vie sociale fantasmée, ou leur comportement est-il le produit d’une détresse implacable? Les deux à la fois sans doute, mais la psychiatrie hésite à instaurer le mensonge compulsif comme une pathologie à part entière – ni le DSM-5 ni l’ICD-10, les deux manuels diagnostiques de référence, n’y voient une entité propre. Quand Christopher Massimine, dont les mensonges ont été exposés à la face du monde, écrit une tribune dans Newsweek pour se dire malade, est-ce une confession sincère ou une stratégie pour se rédimer à la face du monde? Comme ses proches, comme la journaliste elle-même, le lecteur reste avec ses doutes.

A lire dans le New York Times (EN)