Dans un Liban en crise, le marché noir du médicament explose

Depuis le mois de février les pharmacies protestent contre le rationnement des médicaments ouvrant la voie à un marché noir florissant. | AP Photo / Bilal Hussein

Confrontés à une pénurie gravissime de médicaments, les Libanais se tournent vers le marché noir, et plus spécifiquement vers des génériques en provenance d'Inde et du Pakistan, mais surtout de Syrie. Un trafic en pleine expansion, indique la revue L’Orient-Le Jour, à l’occasion d’un long reportage très instructif. Dans les camps de réfugiés palestiniens au sud de Beyrouth, des pharmaciens improvisés s’emploient à fournir les clients à la sauvette — moyennant des prix multipliés par quatre ou cinq. Une pratique qui n’est pas dénuée de risques, avertissent les professionnels, qui pointent l’absence totale de garantie sur la qualité de ces médicaments.

Pourquoi un tel trafic. Le Liban connaît la plus grave crise économique de son histoire depuis l’automne 2019, et le pays a vu la livre libanaise perdre 90% de sa valeur face au dollar. Afin de continuer les importations, la Banque du Liban elle-même réalise directement l’achat de médicaments en devises américaines, qu’elle livre ensuite aux différents centres et pharmacies du pays. Mais la banque centrale est prise à la gorge et a cessé de payer ses fournisseurs ces derniers mois, accumulant plus de 600 millions dollars d’impayés depuis décembre 2020. D’où une pénurie chronique qui va en s’aggravant, touchant déjà des centaines de médicaments essentiels. Depuis un mois, presque aucun médicament n’a été introduit dans le pays.

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