Les autorités s’inquiètent de «la rapidité de propagation du variant Omicron, couplée à l’occupation déjà élevée des hôpitaux». A ce stade, elles n’excluent pas que le variant Omicron — dont on sait encore peu de choses — parvienne à se soustraire à l’immunité conférée par les vaccins sur le marché. Cette incertitude majeure complique la tâche du gouvernement qui doit déjà gérer une cinquième vague épidémique, portée par le variant Delta.
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Les mesures dans le détail. Il y a une semaine, le Conseil fédéral se refusait à prendre des mesures au niveau national et demandait aux cantons d’agir, invoquant les disparités observées entre ces derniers. Alain Berset ne s’en cache pas, c’est bel et bien le variant Omicron qui a fait évoluer la stratégie fédérale.
Un variant face auquel il invite à «ne pas paniquer». Alain Berset:
«Nous avons beaucoup de respect et de prudence devant cette évolution. Nous savions que cela pouvait arriver. Ce que nous voulons, c’est éviter le cumul de la circulation des variants. C’est ce qui a incité le Conseil fédéral à se réunir.
Il faudra encore peut-être quatre à six semaines pour savoir les risques liés à Omicron. D’ici là, nous devons garantir un hiver sans fermeture et préserver les capacités du système hospitalier.»
C’est dans ce contexte que le gouvernement propose aux cantons, commissions parlementaires concernées et partenaires sociaux d’examiner les mesures suivantes:
- Sur le certificat. L’extension du certificat Covid obligatoire à toutes les manifestations accessibles au public et à toutes les activités sportives et culturelles amatrices qui se déroulent à l’intérieur, quelque soit le nombre de participants.
L’extension du certificat pour les rencontres privées en famille et entre amis se tenant à l’intérieur et réunissant plus de dix personnes.
L’extension du certificat pour les événements en plein air dès 300 personnes. Actuellement le seuil est fixé à 1000 personnes.
- Sur le masque. Le masque obligatoire dans tous les espaces intérieurs des établissements et installations accessibles au public où le certificat est obligatoire.
Quand cela n’est pas possible, typiquement au restaurant durant le repas, le Conseil fédéral veut réintroduire l’obligation de consommer assis. En cas d’activités culturelles et sportives où le port du masque est exclu, les coordonnées des participants pourraient être collectées.
- Dans les écoles. Des tests répétés et obligatoires dans les écoles aux niveaux obligatoire et au secondaire II. Alain Berset:
«Nous aurions souhaité depuis longtemps que cette mesure soit plus mise en avant et développée. Encore une fois, c’est une consultation, on va voir la réaction des cantons par rapport à cela.»
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- Au travail. Trois variantes sont proposées pour réduire les contacts sur les lieux de l’activité professionnelle et dans les transports publics.
1. le port du masque obligatoire pour tous les collaborateurs dans tous les lieux fermés et partagés, comme à Genève.
2. L’obligation du télétravail pour les non-vaccinés et non-guéris. Si ces derniers ne peuvent pas travailler chez elles, elles devront porter un masque au travail.
3. Le télétravail obligatoire pour tous ceux qui le peuvent. Si ce n’est pas possible, une combinaison masque à l’intérieur et tests répétés.
- Sur les tests. La réduction de la durée de validité des certificats obtenus après un tests négatif, pour éviter les faux négatifs. \ \ Le certificat obtenu après une PCR négative serait valide 48 heures plutôt que 72 heures, et le certificat obtenu après un test antigénique rapide serait valide 24 heures au lieu 48 heures.
La mesure qui détonne. Conformément à la volonté du Parlement, le Conseil fédéral met un terme aux dernières restrictions de capacités qui persistent — par exemple pour les offices religieux — estimant que toutes les personnes qui le souhaitaient se sont faites vacciner.
Une mesure à contre-courant du reste des annonces du jour, mais à laquelle le Conseil fédéral veut et doit se conformer en vertu de la Loi Covid. Alain Berset:
«Il faut être franc, ce n’est pas l’idéal d’un point de vue épidémiologique. Mais cela a été décidé par le Parlement, nous devons être loyal envers le texte.»
Derrière les mesures, les hôpitaux. En valeurs absolues, le nombre d’infections recensées en Suisse ces derniers jours est proche du celui atteint lors du pic de la vague de novembre 2020. Ce qui n’est pas le cas des hospitalisations, comme le montrent les graphiques de l’OFSP ci-dessous.
Alain Berset:
«Aux soins intensifs, la situation est sous contrôle, mais la tendance est négative avec un tiers de cas de plus par rapport à la semaine passée. Nous devons maîtriser cette situation.»
L’OFSP avertissait en conférence de presse la semaine dernière sur les risques de dépasser le seuil de 200 places de soins intensifs occupées par des patients Covid. Il annonçait que dans ce scénario — dans lequel nous évoluons désormais:
«Il faudra s'attendre à des transferts réguliers de patients au niveau régional et suprarégional. Les interventions moins urgentes seront reportées. Les capacités en lits de certaines unités de soins intensifs seront alors utilisées quotidiennement à 100%. En outre, il faut s'attendre à ce qu'en cas d'incidence élevée, les collaborateurs du secteur de la santé doivent être isolés en raison d'une infection malgré la vaccination.»
Ce qui commence à se ressentir. Le 29 novembre, l’Hôpital du Jura a augmenté son niveau d’alerte.
Un appel à la solidarité. Pour s’extraire de cette situation une seule issue, selon le président de la Confédération Guy Parmelin qui lance, un énième appel à la responsabilité individuelle et à la solidarité:
«Je sais que cette nouvelle vague est un choc pour chacun de nous, tout le monde est lassé et je comprends.
Mais malgré tout, je reste persuadé que la solution dépend de nous tous. Nous devons continuer à pratiquer les gestes barrières, aérer les locaux, porter le masque où c’est nécessaire, se désinfecter les mains et garder les distances.»
Reste que pour le Conseil fédéral, la meilleure protection est la vaccination et la seule issue à la crise.