Pourquoi ça pose question. PMI est détesté et redouté dans le monde de la santé, tant pour son passé que pour sa force de frappe. En juillet, la multinationale basée à Lausanne mettait la main sur l’ancien responsable de la division tabac de la FDA, la puissante agence réglementaire américaine chargée de réguler l’accès au marché des produits de santé. Voir Philip Morris investir la santé, tout en développant des produits qui induisent une addiction à la nicotine, n’est pas sans évoquer une stratégie consistant à vendre des problèmes pour mieux en commercialiser les solutions. Une forme de pragmatisme bien compris ou de cynisme insupportable, selon le camp où l’on se place.
Philip Morris, de vendeur de mort à géant de la santé?
C’est une reconversion industrielle spectaculaire… et quelque peu ironique. Le numéro un mondial du tabac Philip Morris International (PMI) avait déjà annoncé en 2017 la fin prochaine du tabac fumé et sa volonté de miser sur les produits du tabac chauffé (iQos) – présentés comme des outils de réduction des risques, du fait de leur nocivité inférieure à la cigarette. La phase 2 de cette mue rédemptrice va beaucoup plus loin: tout porte à croire que le géant du tabac cherche à se positionner comme un acteur clé dans le champ de la santé, explique le site spécialisé Stat News (accès réservé aux abonnés).
Les dessous d’une transition. PMI a fait l’acquisition de Vectura en septembre 2021, pour la modique somme de 1,45 milliard de dollars, et vient d’annoncer la fusion des deux entités. Ce laboratoire britannique est spécialisé dans les traitements inhalés contre l’asthme et la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), deux complications du tabagisme. Peu avant, le tabagiste avait fait l’acquisition d’OtiTopic, qui travaille sur un dispositif d’inhalateur d’aspirine, et de Fertin Pharma, spécialisée en substituts nicotiniques. La pandémie a même vu Philip Morris tenter de mettre un pied sur le marché des vaccins Covid-19, via la biotech canadienne Medicago – sans grand succès.