Pour conclure. Mises bout à bout, ces deux études viennent à l’appui d’un scénario qui se précise: un coronavirus animal, présent chez une espèce (chien viverrin, renard, blaireau, etc.?) en vente sur le marché au vif de Huanan, à Wuahn, et qui se propage plusieurs fois à l’homme, possiblement via un vendeur infecté. Sur ces introductions, au moins deux d’entre elles donneront lieu à une transmission interhumaine vivace, la lignée B parvenant à s’établir comme la branche à l’origine de la pandémie. Les hypothèses concurrentes, notamment celle d’une fuite de laboratoire, n’en sont pas réfutées pour autant – et ne le seront sans doute jamais avec certitude. Mais elles apparaissent de plus en plus comme minoritaires.
Origine de la pandémie: la thèse d’une émergence sur le marché de Wuhan se précise
L’enquête sur l’origine du Covid-19 progresse, bon an mal an. Deux études notables, publiées dans Science le 26 juillet 2022, viennent renforcer l’hypothèse dominante selon laquelle le désormais célèbre marché de Huanan est le premier lieu d’émergence du virus chez l’homme. Dans la première d’entre elles, les chercheurs ont étudié la répartition des premiers malades identifiés par les autorités chinoises dans la métropole de Wuhan. Il s’avère que même les personnes sans lien connu avec le marché – ni travailleur, ni badaud, ni connaissance – tendent à se répartir plus densément autour de cet épicentre. Autrement dit, il est probable que tous les cas de Covid-19 soient reliés au marché, même quand les enquêtes épidémiologiques n’ont pas été concluantes.
Du point de vue de la virologie. Le second article s’est intéressé aux origines du point de vue de la génétique. Deux lignées de Sars-CoV-2 ont émergé dans les premiers temps: la lignée A, plus proche du virus animal, et la lignée B, celle des premiers cas humains identifiés, qui a fait florès à Wuhan à la mi-novembre 2019 avant de se répandre dans le monde. Comment expliquer ce paradoxe? Les virologues penchent pour un scénario de double émergence de l’animal vers l’homme. Ils estiment que la lignée A ne précède la lignée B que de quelques semaines, ce qui tend à exclure l’hypothèse concurrente d’une circulation virale à bas bruit chez l’homme plusieurs mois avant le début officiel de la pandémie. Et renforce encore l’idée d’une introduction chez l’homme dans le cadre du marché de Wuhan.