Merck mis en examen en France dans l’affaire du Levothyrox

Le loge de Merck Serono à Aubonne en 2015 | (KEYSTONE/Martial Trezzini)

Cinq ans après le scandale du Levothyrox en France, Merck fait l’objet d’une mise en examen pour «tromperie aggravée», annonce lui-même le groupe pharmaceutique allemand ce 19 octobre 2022, également placé sous contrôle judiciaire. Le changement de formule de ce médicament très employé contre l’hypothyroïdie, au printemps 2017, avait donné lieu à des dizaines de milliers de plaintes de patients dans l’Hexagone.

Le laboratoire, soutenu par l’agence française de sécurité du médicament (ANSM), avait défendu le côté substituable de la nouvelle formule. On ignore les raisons précises de cette mise en examen mais les «modalités d’information» mises en place par l’entreprise semblent avoir attiré les soupçons des juges. Un procès aura lieu pour trancher les responsabilités, industrielles et administratives, dans cette affaire qui a fait couler beaucoup d’encre dans l’Hexagone.

Ce qu’on peut en dire. Le médicament, substitut à un déficit d’hormone thyroïdienne, peut aisément déboucher sur une hyper ou une hypo-thyroïdie en cas de dosage inadapté. De quoi justifier quelques précautions en cas de modification de formule, même légère — en l’occurrence, un simple changement d’excipient. Or, si l’essai mené par Merck pour évaluer le profil d’absorption de son Levothyrox a mis en évidence une bioéquivalence globale avec l’ancien, à l’échelle de la population d’étude, il a aussi montré l’existence de variations individuelles majeures.

En somme, le laboratoire est soupçonné de s’être retranché derrière cette méthodologie, parfaitement réglementaire mais défaillante, en sachant que sa nouvelle formule était difficilement substituable à l’ancienne. En Suisse, la transition s’est opérée un an après la France et n’a semble-t-il posé aucun problème, sans doute à cause de plusieurs facteurs combinés: une population plus réduite, des médecins déjà sensibilisés, une meilleure information aux patients, et la possibilité de se rabattre sur un autre médicament.

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