Cette contradiction, je l’ai retrouvée aussi chez tous les partenaires de la santé. Siégeant depuis deux ans à la Commission santé du Conseil national, je suis surpris de voir, parfois dans une même séance, que chacun parle un «dialecte» différent lorsqu’il s’agit de proposer des économies.
Le frein aux coûts. Médecins, hôpitaux, assureurs, patients, fabricants, chefs d’offices cantonaux et fédéraux, tous proposent des solutions partielles qui concernent surtout… les autres. Personne ne veut assumer une responsabilité globale tant que tout le monde en profite financièrement. Or le patient-assuré ne devrait pas être tenu responsable du comportement défaillant de la branche. En fait, seul un frein aux coûts, peut mettre la pression nécessaire sur les responsables et sur les politiciens qui sont inactifs depuis des années.
Le Conseil fédéral a mis récemment en consultation des paquets de mesures jugées trop timides et il a repoussé jusqu’ici la réflexion sur un éventuel frein aux dépenses. Or, c’est justement par là qu’il faut commencer! Sur le point de déposer une initiative populaire, mon parti (PDC) a le mérite d’appliquer au domaine de la santé un instrument qui a fait ses preuves dans les parlements.
Il obligera l’ensemble des partenaires de la santé à s’entendre sans tarder sur des mesures concrètes que notre parti a exigées depuis de nombreuses années:
le financement uniforme des prestations ambulatoires et stationnaires,
la transparence sur la qualité des prestations,
la mise en œuvre immédiate du dossier électronique du patient,
la maîtrise des nouvelles technologies,
la baisse des prix des médicaments,
l’élimination des incitations négatives…
Tout cela est possible sans toucher à la qualité des soins. Selon les experts, plus de 6 milliards de francs, soit 20% des coûts des soins de santé, sont gaspillés chaque année pour des traitements inutiles dans le seul domaine de l'assurance-maladie obligatoire: beaucoup de traitements sont encore trop chers.
L’enjeu est aussi social. Depuis plus de 20 ans, les primes ont crû en moyenne de 4,5% par an, tandis que les salaires ont à peine augmenté. Les familles doivent consacrer jusqu'à 20% de leur budget – un franc sur cinq – aux primes d’assurance-maladie.
Nous en sommes arrivés à un point où la charge financière n'est plus supportable pour la classe moyenne. De plus en plus de personnes doivent demander des réductions de primes ou se retrouvent dans la spirale de l'endettement. Une médecine à deux vitesses se profile.
On pourrait plafonner les coûts à un pourcentage du revenu, comme le demande une autre initiative populaire, mais cela ne ferait que transférer les charges des assurés vers les contribuables avec un surcoût énorme pour les collectivités.
Seule la mise en place d’un système de frein aux coûts nous permet de nous attaquer à la racine du problème et d’éviter les coûts inutiles. C’est de cette manière que nous réussirons à maintenir un système de santé de qualité et supportable pour tous.