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LSD, ecstasy et champignons à l’hôpital: les chamanes aimeraient avoir leur mot à dire

Image d'illustration / Domaine public

Quand les esprits de la forêt rencontrent les grands esprits de la médecine et des hôpitaux suisses, des tensions surgissent. Quelle place la dimension spirituelle doit-elle occuper dans les protocoles de ces thérapies psychédéliques émergentes? Dans quel décor administrer des substances longtemps illégales?

Sa première séance de psychothérapie assistée par psychédélique (PAP) sous MDMA (appelée ecstasy dans les milieux festifs), Marie (prénom modifié), une patiente genevoise, l’a faite à la campagne, dans une vieille maison en bois.

Lire aussi: l’interview complète du Prof. Daniele Zullino (HUG) sur son approche des psychédéliques

Le sol du grand salon était couvert de tapis orientaux. Sur un petit autel trônait une statue amérindienne et quelques cristaux. Une baie vitrée ouvrait sur un jardin luxuriant, avec vue sur les montagnes. Entourée de plantes et bercée par une musique electro-amazonienne, elle a fait face aux traumatismes d’une jeunesse marquée par des violences à répétition. L’expérience était légale, suivie par son médecin:

«Je suis tellement reconnaissante d’avoir pu bénéficier de ce cadre, dit-elle. Je ne suis pas certaine que la thérapie aurait été aussi efficace dans une chambre d’hôpital.»

Des substances dont tout autre usage serait illégal, en particulier le LSD et la psilocybine (le principe actif des champignons hallucinogènes), sont en effet également administrées depuis peu aux HUG à Genève, mais dans un décor plus sobre, voire froidement clinique. Murs blancs, matelas par terre et machine pour mesurer les signes vitaux, selon une photo que Heidi.news a pu consulter. öe Prof. Daniele Zullino, médecin-chef du service d'addictologie des HUG:

«De par notre expérience clinique, les patients sont souvent rassurés de pouvoir entamer cette thérapie très particulière et encore méconnue dans un cadre hospitalier qui au lieu d’être vécu comme ‘stérile’ est davantage représenté comme rassurant.»

De fait, le «setting» (le décor) de ces séances de thérapie est désormais un sujet de controverse au sein du monde médical suisse, alors que les services de psychiatrie des grands hôpitaux sont littéralement pris d’assaut par les patients désespérés qui voient ces traitements comme ceux de la dernière chance. Ainsi, les HUG reçoivent chaque mois quelque 300 demandes pour un nombre limité de places.

D’un côté, il y a les partisans de «la forêt», c’est-à-dire des pratiques héritées de la tradition spirituelle et chamanique qui faisait déjà usage de ces substances au 4e siècle avant JC, quand fut rédigé le serment d’Hippocrate. Et de l’autre, comme le rappelle Daniele Zullino, il y a les conditions strictes des autorisations exceptionnelles de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), qui permettent de proposer cette forme de thérapie à certains patients.

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