«Les plus de 65 ans qui veulent prendre des risques sont-ils prêts à mourir étouffés seuls chez eux?»
En ces temps de pandémie, l’humeur des plus de 65 ans oscille entre résignation et agacement face aux recommandations et appels à la prudence qui les visent spécifiquement. Certains, souvent les plus nantis, réclament la «liberté de mourir comme ils veulent». Christophe Büla, chef du Service de gériatrie au Centre hospitalier universitaire vaudois, livre son analyse de cette tendance. Et dessine des nuances à l’intérieur de ce qui apparaît souvent dans le discours des autorités comme un grand groupe indifférencié.
Heidi.news - Certaines personnes de plus de 65 ans réclament la liberté de faire leurs propres choix et de prendre des risques, celui d’attraper le virus, éventuellement d’en mourir. Quel regard portez-vous sur ce phénomène?
Christophe Büla - Je comprends bien sûr leur sentiment et aussi leur envie de pouvoir exercer leur liberté. Néanmoins, je me pose la question: ces personnes ont-elles vraiment réfléchi à ce qu’elles sont prêtes à affronter si elles s’infectent et évoluent mal? Je pense que même si elles ne veulent pas prolonger leur vie en cas de problème, elles s’attendent tout de même à avoir accès à des traitements pour les soulager et assurer leur confort. Jusqu’à maintenant, nous avons pu offrir ces traitements aux personnes qui sont décédées du Covid-19. Nous n’avons pas été débordés et avons pu les accompagner jusqu’au bout. Regardez ce qui s’est passé pas si loin de chez nous… Cela a été maintes fois répété: l’enjeu du confinement est d’éviter de saturer le système de santé pour que tous puissent avoir accès aux soins, pas de garder à tout prix les personnes âgées en vie.