Tout ce qu'il faut savoir sur la vaccination Covid-19 en Suisse

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Où en est-on de l’avancement des campagnes? Quels vaccins sont utilisés en Suisse ou susceptibles de l’être bientôt? Où en est-on de l’hésitation vaccinale? Quid de la troisième dose?

Heidi.news fait le point (actualisé régulièrement) sur les grandes questions autour de la vaccination Covid-19.



Que change Omicron pour la vaccination?

Le nouveau variant Omicron diminue en partie l’efficacité des vaccins ARN contre l’infection et la transmission — comparé au variant Delta. Cette propriété, suggérée par les nombreuses mutations observées, été confirmée par les essais de laboratoire et les données épidémiologiques.

Ces résultats indiquent que les personnes vaccinées sont mal protégées contre l’infection par Omicron, mais que les personnes ayant bénéficié d’un rappel récent ou bénéficiant d’une immunité hybride (infection + vaccination) le sont bien davantage.

Lire aussi: Pourquoi la troisième dose s’impose contre Omicron

En revanche, les vaccins ARN continuent d’offrir une protection élevée contre les formes graves consécutives à une infection par Omicron, comme avec les précédents variants.



Où en est la vaccination sur le terrain?

Les cantons de Genève, Fribourg, Neuchâtel et du Valais ont démarré leurs campagnes de vaccination le 28 décembre 2020, le canton de Vaud le 30 décembre, et le Jura le 4 janvier 2021.

Au 26 janvier 2022, l’OFSP évalue à 6 millions le nombre de personnes ayant reçu au moins une dose de vaccin Covid-19. Cela représente 70% de la population du pays — 68% en ne décomptant que les personnes pleinement vaccinées.

Le rythme de vaccination a connu un rebond majeur à compter de novembre 2021, avec le démarrage des campagnes de rappel, mais il est de nouveau en train de décliner.

A ce jour, sont vaccinés (au moins une dose): 9 seniors sur 10 (92%), les trois-quarts des adultes (77%), et près de la moitié des adolescents (46%).

La propension à se faire vacciner est directement liée à l’âge. La vaccination progresse désormais uniquement chez les adolescents et les enfants.

Le taux de vaccination atteint est variable selon les cantons, les moins vaccinés étant les petits cantons ruraux de Suisse centrale et surtout orientale. La Suisse romande et le Tessin sont plutôt mieux vaccinés que la Suisse alémanique.



Où en est la campagne de rappel?

La campagne de vaccination est entrée dans une nouvelle phase avec l’administration des doses de rappels depuis novembre, d’abord pour les 65 ans et plus, puis pour tous les adultes.

La Suisse accuse un retard important sur ses voisins: 1 personne vaccinée sur 2 a reçu son rappel. En population générale, 1 sur 3 a reçu une vaccination complète avec rappel.

Lire aussi: A quel point la Suisse est-elle en retard sur la troisième dose de vaccin Covid?



Qui est éligible au rappel («troisième dose»)?

Tout le monde dès 12 ans. L’OMS a pesé de tout son poids pour que les doses soient plutôt distribuées aux pays pauvres, afin d’offrir la primo-vaccination à tous, sans succès. A l’approche de l’hiver 2021, les pays riches ont décidé de s’orienter vers une dose de rappel pour tous.

La Suisse s’est d’abord bornée à proposer une troisième dose de rattrapage en cas d’échec de le primo-vaccination, avant d’étendre aux 65+ fin octobre, puis d’étendre à tous les adultes fin novembre. Depuis fin janvier, le rappel est ouvert aux adolescents.

Le principe général consiste à garder le même vaccin: Moderna pour Moderna, Pfizer pour Pfizer. Pour des raisons logistiques, les cantons sont autorisés à croiser les vaccins — ce qui ne pose pas de problème particulier.

La dose de rappel est possible en règle générale 4 mois après la primo-vaccination (depuis le 21 décembre 2021, contre 6 mois précédemment). Elle permet de prolonger d’un an la validité du certificat Covid-19.

Les règles sont un peu différentes pour les personnes ayant reçu le vaccin monodose de Janssen. Il est possible de recevoir un rappel Janssen à compter de 2 mois après la primo-vaccination, ou seulement 28 jours si le rappel est fait avec un vaccin ARN.



Comment se situe la Suisse au plan international?

Du point de vue de la couverture vaccinale, et alors qu’elle dispose de doses en abondance, la Suisse se situe plutôt en queue de peloton des pays riches.

Avec 70% de sa population totale vaccinée, la Confédération est loin derrière la France (79%) et l’Italie (82%), et un peu derrière l’Allemagne (74%) et l’Autriche (74%). Elle est aussi en-dessous de la moyenne de l’Union européenne (74%).



A-t-on des objectifs de vaccination?

Oui. Avant l’été, le seul objectif chiffré officiel établi par les autorités sanitaires portait sur les personnes vulnérables (65+ et comorbidités), avec une couverture vaccinale d’au moins 75%. Cet objectif a été atteint dès le mois de mai.

Lire aussi: Les quatre mesures du Conseil fédéral pour relancer la vaccination

Le 1er octobre 2021, le Conseil fédéral a fait état de nouveaux objectifs chiffrés, destinés à rattraper le retard de la Suisse et permettre la levée effective des dernières mesures:

  • 93% des seniors (65+) vaccinés

  • 80% des adultes (18-64 ans) vaccinés



Où en est-on de la vaccination des ados?

En cours. La vaccination des adolescents dès 12 ans avec le vaccin Pfizer est possible depuis le 22 juin 2021, avec l’adaptation des recommandations de l’OFSP, et celui de Moderna a suivi. Moins de 1 adolescent sur 2 a été vacciné à ce jour.

Les premières recommandations de vaccination ciblaient les adolescents à risque (maladie chronique grave ou vulnérabilité à Covid-19), mais depuis le 24 août, l’OFSP recommande à tous les adolescents sans distinction de se faire vacciner dès 12 ans.

Lire aussi: Se faire vacciner sans l'accord des parents, c'est possible - mais compliqué

Le consentement de l’adolescent est nécessaire. En cas de désaccord des parents, la Confédération prévoit qu’un adolescent puisse malgré tout se faire vacciner, pour peu qu’il possède une capacité de discernement et soit informé des bénéfices-risques. C’est là le rôle de l’entretien médical préalable à la vaccination.

Berne laisse une marge de manœuvre aux cantons pour s’organiser. Le choix qui s’est imposé par défaut consiste à demander l’autorisation d’un parent. Se faire vacciner sans l’accord des parents est possible, mais cette disposition est mise en œuvre avec plus ou moins de bonne volonté selon les cantons.



Où en est-on la vaccination des enfants?

En cours. Les fabricants de vaccin ARN ont finalisé l’adaptation de leur vaccin à destination des enfants. Pfizer a une longueur d’avance sur Moderna, et son vaccin Comirnaty a été approuvé par Swissmedic le 10 décembre 2021.

Les autorités sanitaires ont opté pour une recommandation prudente concernant la vaccination des enfants de 5 à 11 ans avec le vaccin de Pfizer. Elle est pour l’heure surtout conseillée dans deux cas de figure:

  • en cas de maladie chronique grave qui puisse faire craindre pour la santé de l’enfant en cas d’infection – comme une maladie neuromusculaire, par exemple.

  • en cas de contact proche (même foyer) avec des personnes vulnérables que la vaccination ne suffit pas à protéger – en raison d’une immunodéficience, par exemple.

Lire aussi: Feu vert prudent pour vacciner les enfants en Suisse dès 2022

Le vaccin de Pfizer adapté aux enfants de 5 à 11 ans repose sur la même technologie que la version classique, avec une dose allégée (trois fois inférieure). Ce vaccin pédiatrique est livré depuis janvier 2022 dans les cantons, ce qui marquera le début de la campagne de vaccination des enfants en Suisse.

Moderna a annoncé le 25 octobre 2021 la réussite de son propre essai pédiatrique (chez les 6-11 ans) avec une dose inférieure de moitié à celle utilisée pour les adultes. Une demande d’extension d’indication a été déposée le 18 novembre 2021 auprès de Swissmedic.

Des essais cliniques sont en cours pour valider les vaccins ARN chez les bébés (dès l’âge de 6 mois).



Quel est l’objectif de la vaccination?

Les campagnes de vaccination ont trois objectifs:

  • diminuer la charge de la maladie, en prévenant les cas graves et les décès

  • maintenir le système de santé à flots

  • réduire les conséquences économiques et sociales de la crise, en limitant la circulation du virus



Vise-t-on l’immunité collective?

Non. Le seuil d’immunité collective désigne la couverture vaccinale approximative à partir de lequel l’épidémie est durablement sous contrôle, à l’exception de quelques résurgences locales. C’est un résultat théorique abstrait, qui permet de fixer les idées. Il serait de l’ordre de 80% avec le variant Alpha («britannique») actuel, et 90% avec le variant Delta («indien»).

Lire aussi: Quand est-ce qu’on en aura fini avec l’épidémie?

Berne a explicitement renoncé à atteindre un tel seuil d’immunité collective, jugé hors de portée. Le Conseil fédéral s’en explique dans son document de réflexion sur le «modèle en trois phases», publié le 12 mai. Extrait:

«En raison de la forte infectiosité du variant B.1.1.7 (Alpha, ndlr.), qui est devenu dominant dans le pays, il n’est pas réaliste de vouloir atteindre une immunité collective, même avec une forte disposition de la population à se faire vacciner. Le virus ne disparaîtra pas.»



A quel point les vaccins sont-ils efficaces?

Il y a beaucoup de confusions autour de l’efficacité des vaccins Covid-19, car c’est une notion faussement simple. Tout dépend contre quoi le vaccin est censé protéger.

  • protection contre les formes graves de la maladie Covid-19

C’est le point le plus important du point de vue de l’impact sanitaire de la pandémie, et à ce titre les données sont très satisfaisantes. La plupart des vaccins Covid-19, et les vaccins ARN en particulier, offrent une protection très élevée contre les formes graves de la maladie, de l’ordre de 90-100%, quels que soient les variants.

  • protection contre la maladie (infection Sars-CoV-2 se traduisant par des symptômes)

C’est le critère principal ayant guidé le développement des premiers vaccins: leur faculté à protéger contre la maladie Covid-19, c’est-à-dire une infection à Sars-CoV-2 assortie de symptômes même minimaux.

La protection conférée par les vaccins ARN contre les formes symptomatiques semble être de l’ordre de 90%, un peu moins pour le variant Delta (de 50 à 80% selon les sources), et nettement moins avec Omicron (de l’ordre de 30%).

  • protection contre l’infection

On parle de protection stérilisante quand un vaccin permet de prévenir l’infection, c’est-à-dire qu’il empêche le virus Sars-CoV-2 de se répliquer dans les voies respiratoires — et incidemment, de se transmettre à quelqu’un d’autre. En pratique, on évalue cette propriété en dépistant la présence de virus dans les voies respiratoires par PCR de façon systématique.

Lire aussi: Non, les vaccins ne sont pas inutiles contre la transmission de Delta

Les vaccins ARN avaient une efficacité très élevée, de l’ordre de 90%, contre les infections avec la souche initiale et le variant Alpha — elle est moins franche avec le variant Delta, autour de 60-70% après vaccination, et très basse avec Omicron.

Le taux d’anticorps tend à diminuer au fil des mois, et avec lui la protection contre l’infection. Avec Delta, une étude américaine évalue qu’on passe de plus de 90% d’efficacité juste après la vaccination à seulement 50% après quatre mois.

  • protection contre la transmission

Une personne infectée en dépit du vaccin peut évidemment transmettre le virus, mais la charge virale et la durée de portage sont réduites par rapport à un non-vacciné, ce qui rend la transmission moins efficace.

  • en conclusion

Les vaccins protègent de façon très efficace contre les formes graves de Covid-19, quels que soient les variants. La protection conférée contre l’infection et la transmission dépend beaucoup des variants considérés: elle était bonne avec Alpha et perfectible avec Delta, et elle s’avère faible avec Omicron.



Quels sont les bénéfices de la vaccination?

Ils sont multiples. Au plan médical:

  • se protéger de Covid-19 et de ses conséquences sur la santé (forme grave, syndrome inflammatoire multisystémique chez les jeunes, et sans doute Covid long).

Lire aussi: La vaccination diminue aussi le risque de Covid-19 long

La balance bénéfices-risques individuelle est le principal critère employé par Swissmedic pour l’homologuer un vaccin, puis par l’OFSP et la Commission fédérale pour les vaccinations (CFV) pour le recommander. Elle consiste à effectuer une pesée d’intérêts entre le bénéfice médical du vaccin (éviter Covid-19) et les risques associés à la vaccination (effets indésirables graves).

Au plan social:

  • entrer dans certains lieux (discothèques) et manifestations, via le certificat Covid-19,

  • voyager à l’étranger plus facilement.

Au plan collectif:

  • diminuer le risque de transmettre la maladie à son entourage;

  • contribuer à maintenir l’épidémie sous contrôle en réduisant le risque de foyer de contagion.



La vaccination permet-elle d’assouplir les mesures?

Oui. La levée des mesures de restriction découle essentiellement du calendrier vaccinal. La Confédération a dévoilé le 21 avril 2021 un horizon de sortie de crise en trois phases:

  • Une phase de protection (avec vaccination des plus vulnérables), qui s’est terminée fin mai.

  • Une phase de stabilisation (avec vaccination de masse), avec une levée progressive de la plupart des restrictions et la mise en place du certificat d’immunité.

  • Une phase de normalisation, une fois que tous les volontaires auront été vaccinés, idéalement sans autre restriction que les mesures de protection de base (distance, hygiène, possiblement masque).

Nous nous trouvons actuellement en phase de normalisation, depuis le 11 août 2021. La levée des dernières mesures a été conditionnée le 1er octobre à l’atteinte d’objectifs de vaccination chiffrés (cf. question correspondante).



La vaccination est-elle obligatoire?

Non. En Suisse, les autorités ont toujours été claires: pas plus qu’avec une autre maladie, il n’y a de vaccination obligatoire contre Covid-19. S’il entend respecter la liberté vaccinale, le Conseil fédéral appelle clairement la population à se faire vacciner.

«Non seulement cela procure une meilleure protection individuelle, mais c’est aussi un geste de solidarité envers la société et envers les personnes qui, pour des raisons de santé, ne peuvent pas être vaccinées», écrit-il dans son document stratégique du 12 mai 2021.

L’hypothèse d’une vaccination obligatoire est souvent mise sur la table pour les professionnels au contact de personnes vulnérables, mais ce n’est pas le chemin qu’a pris la Suisse. La solution de compromis adoptée par la plupart des cantons, à l’instigation de la Confédération, consiste à rendre le dépistage obligatoire pour les professionnels non vaccinés.

Depuis le 20 décembre 2021, la règle des 2G/2G+ — accès réservé aux vaccinés et guéris, éventuellement assorti d’un test négatif — prévaut pour l’accès aux restaurants et bars, discothèques, espaces de culture, sport ou loisirs.



Quels vaccins sont utilisés en Suisse?

Pfizer, Moderna, Janssen. La Suisse s’est initialement positionnée sur trois technologies distinctes: les vaccins à ARN messager (Pfizer, Moderna et CureVac), les vaccins à vecteur adénovirus (AstraZeneca, puis Janssen) et enfin les vaccins à protéine recombinante (Novavax).

Dans les faits, trois vaccins sont désormais utilisés en Suisse:

  • le vaccin ARN de Pfizer-BioNTech (Comirnaty), homologué depuis le 19 décembre 2020 et utilisé depuis lors;

  • le vaccin ARN de Moderna (Spikevax), homologué le 9 janvier 2021 et utilisé depuis lors;

  • le vaccin adénovirus de Janssen (Johnson & Johnson), homologué le 22 mars 2021 et utilisé depuis début octobre.

Lire aussi: Les coulisses de la mise sur le marché des vaccins Covid-19 par Swissmedic

  • Le 3 février, Swissmedic a décidé de surseoir à la délivrance d’une autorisation de mise sur le marché au vaccin d’Oxford-AstraZeneca (Vaxzevria), dans l’attente des résultats complémentaires d’efficacité, les données actuelles étant jugées incomplètes. La Confédération avait décidé de l’employer comme vaccin de secours, avant que le laboratoire lui-même ne jette l’éponge.

Lire aussi: AstraZeneca renonce: son vaccin ne sera pas utilisé en Suisse

  • Le vaccin à adénovirus de Johnson & Johnson, homologué aux Etats-Unis et en Europe, a reçu le feu vert de Swissmedic le 22 mars 2021. Après avoir renoncé à l’utiliser, faute d’avoir pu obtenir un accord de livraison suffisamment rapide, la Confédération a récemment mis la main sur 150’000 doses.

  • Le vaccin à ARN messager de CureVac est en cours d’examen auprès de Swissmedic depuis le 15 avril 2021. Les résultats de son essai de phase 3, rendus publics le 16 juin 2021, se sont avérés très décevants. Le 12 octobre 2021, le laboratoire a annoncé qu’il jetait l’éponge pour se concentrer sur un vaccin ARN de deuxième génération.

Lire aussi: Curevac: le troisième vaccin ARN attendu en Suisse explose en vol



Qui se charge de quoi et où?

L’armée prend en charge les vaccins à leur arrivée sur le territoire suisse. Elle les stocke dans des entrepôts équipés de congélateurs à ultra-basse température, dont les emplacements sont gardés secrets, et se charge de la distribution aux cantons. Ces derniers prennent ensuite le relais pour transporter le vaccin dans les divers lieux de vaccination.

Des équipes mobiles ont d’abord été mises en place dans les EMS et structures pour personnes âgées. Les cantons ont ensuite ouvert nombre de centres de vaccination sur des sites indépendants (salles de gymnastique, locaux de la protection civile…) et dans les hôpitaux, pour réaliser le gros des vaccinations.

Les médecins libéraux et les pharmaciens participent aussi au dispositif.

  • La vaccination Covid-19 en pharmacie est possible dans certaines officines, dans les cantons de Neuchâtel, du Jura, de Genève, du Valais et de Vaud. Le site VaccinationEnPharmacie.ch en donne la liste.

  • Les médecins ont la possibilité de vacciner en cabinet dans le Valais (depuis début janvier), Fribourg (début février), Vaud (début mars), le Jura (début avril) et Neuchâtel (mi-mai).

Lire aussi: REPORTAGE – Vallorbe étrenne la vaccination itinérante

Pour vacciner en masse, les cantons de Genève et de Vaud ont mis en place des centres de vaccination de grande taille, respectivement à Palexpo (où les vaccinations sont opérées par des médecins, infirmiers, assistants médicaux et pharmaciens) et au Palais Beaulieu (par des soignants et des étudiants en santé).

Le canton de Vaud a également innové en lançant le 18 mai un centre de vaccination itinérant, destiné à vacciner dans les endroits les moins peuplés du canton et à toucher des populations plus précarisées. L’initiative a essaimé à Neuchâtel.

Des équipes mobiles de vaccination ont aussi été déployées dans plusieurs cantons, comme Genève ou Vaud, pour vacciner sans rendez-vous dans différents lieux adaptés au public, comme les centres commerciaux, les universités, ou près des lieux de sortie nocturne.


Combien de doses ont été achetées?

Quelque 78 millions de doses ont été sécurisées via des contrats de précommande auprès des fournisseurs de vaccins. Elles se répartissent ainsi:

  • Oxford-AstraZeneca: 5,4 millions de doses, qui devraient être données à l’initiative Covax,

  • Moderna: 13,5 millions de doses initialement, à quoi s’ajoutent au moins 7 millions de doses de rappel (avec une clause pour encore 7 millions de dose supplémentaires fin 2022-2023),

  • Pfizer-BioNTech: 6 millions de doses en 2021, 7 millions en 2022 et 7 millions en 2023 pour les rappels (avec une option pour doubler les commandes en 2022 et 2023)

  • CureVac: 5 millions de doses,

  • Novavax: 6 millions de doses.

  • Janssen (Johnson & Johnson): 150’000 doses.

En retirant les doses déjà administrées ainsi celles des vaccins d’AstraZeneca et CureVac, qui ne seront a priori pas utilisés, le pays a sécurisé de quoi vacciner plus de deux fois sa population.

La Suisse est aussi partie prenante de l’initiative Covax sous égide de l’OMS et de la Commission européenne, qui prévoit une redistribution des différents produits vaccinaux entre les pays dans le besoin. A ce jour, la Confédération a contribué à hauteur de 20 millions de francs, à quoi s’ajoutent les doses d’AstraZeneca — qui ne semblent pas rencontrer un grand engouement.



Combien coûte la vaccination et qui paie?

La vaccination est «gratuite» pour:

  • les personnes disposant d’une assurance maladie obligatoire (AOS),

  • les personnes domiciliées en Suisse mais non couvertes par l’assurance (diplomates, par exemple) depuis le 3 février,

  • les frontaliers qui travaillent dans un établissement de santé en Suisse, depuis le 3 février.

Le remboursement est pris en charge par l’assurance maladie obligatoire (AOS), mais la Confédération et les cantons mettront aussi la main au porte-monnaie:

  • Les assureurs-maladie (et donc les assurés) prennent en charge les coûts de la consultation médicale et du vaccin.

  • La Confédération assume les coûts de transport, de distribution du vaccin dans les cantons, ainsi que ceux dépassant le montant de cinq francs par dose de vaccin. Elle finance aussi la vaccination des personnes non couvertes par l’AOS.

  • Enfin, les cantons et donc le contribuable) prennent en charge les coûts de la logistique sur leur territoire.

Pour l’heure, l’acte de vaccination est facturé 14,50 francs (soit 29 francs par personne vaccinée) à quoi s’ajoute un financement de 5 francs par dose de vaccin injectée. C’est là le tarif facturé par l’AOS aux fournisseurs de prestation, c’est-à-dire les centres de vaccination et les institutions en charge des équipes mobiles.

Ce prix était jugé trop bas par la Fédération des médecins suisses (FMH). Le 24 février 2021, un accord a été conclu entre les cantons et l’assurance-maladie: le tarif de l’acte de vaccination (une injection) est de 24,50 francs pour les cabinets médicaux. Les pharmaciens ont obtenu les mêmes conditions tarifaires que les médecins, avec une vaccination à 24,50 francs en officine.

Cette décision n’est que temporaire, et le prix est redescendu à 16,50 francs au 1er octobre 2021, faute d’accord entre les différents partenaires. Les cantons, via la Conférence des directeurs cantonaux de la santé, ont accepté de mettre la main à la poche, à hauteur de 8 francs par acte, pour maintenir ce prix au moins à 24,50 francs.

Lire aussi: Combien coûte la vaccination contre le Covid-19 en Suisse?

La Confédération n’indique pas à quel prix elle se procure les vaccins, les contrats étant confidentiels. On dispose néanmoins d’une idée sur la base des prix négociés par l’Union européenne — en décembre 2020, la ministre belge du budget Eva De Bleeker les a rendus publics sur Twitter, avant d’être rappelée à l’ordre et de supprimer sa publication. Voici ce qu’il en est (en gras, les vaccins précommandés par la Suisse):

  • AstraZeneca: 1,78 euros

  • Johnson & Johnson: 8,50 dollars (environ 7,50 francs)

  • Sanofi-GSK: 7,56 euros

  • CureVac: 10 euros

  • Pfizer-BioNTech: 12 euros

  • Moderna: 18 dollars (environ 16 francs)

  • Novavax: vendu 16 dollars aux Etats-Unis (environ 15 francs)

Le 1er août, le Financial Times a révélé que Moderna et Pfizer avaient augmenté le prix de leurs vaccins à destination de l’Europe. Le coût d’une dose de Moderna serait dorénavant de 28,50 dollars, et une dose de Pfizer 19,50 dollars.



Comment se déroule la vaccination? Est-ce douloureux?

Les vaccins Covid-19 utilisés en Suisse reposent sur le même mode d’administration: une simple piqûre dans l’épaule (muscle deltoïde). Rien qui détonne par rapport aux vaccins usuels, comme la grippe. Des vaccins administrables par spray nasal sont à l’étude.

Les vaccins de Pfizer et surtout Moderna tendent à provoquer des réactions immunitaires vigoureuses, surtout chez les jeunes. Cela peut se traduire par des maux de tête, une fatigue importante, de la fièvre, une douleur à l’épaule, un gonflement local, etc., dans les heures qui suivent l’injection. Des symptômes désagréables mais passagers, qui peuvent nécessiter un à trois jours de repos.

Il est courant, avec les vaccins à ARN messager, que la seconde injection produise des réactions plus vigoureuses que la première. En l’état des connaissances, il n’est pas possible de prévoir qui aura une réaction importante au vaccin. On sait néanmoins que les jeunes et les femmes sont plus susceptibles d’expérimenter des réactions importantes.



Qu’en est-il des effets indésirables graves?

Au-delà de la réaction normale au vaccin, il arrive que l’immunisation provoque de (rares) effets indésirables graves ou inattendus. Leur variabilité les rend difficiles à résumer, et c’est le rôle des centres de pharmacovigilance que de les surveiller.

Pour la Suisse, Swissmedic produit des rapports de pharmacovigilance à intervalles réguliers — le dernier datant du 15 octobre. Pour une vue par produit, mieux vaut se rapporter à son homologue française, l’ANSM, qui réalise un excellent travail de synthèse:

En l’état, la seule contre-indication formelle à la primo-vaccination ARN est l’existence d’une allergie connue à un composant des vaccins, ou la survenue d’une réaction allergique violente après une injection.

Lire aussi: Les effets indésirables des vaccins ARN sont-ils «sérieux»?

Les retours de pharmacovigilance ont permis d’identifier quelques effets indésirables très rares non identifiés en essais cliniques, qui sont principalement:

  • un risque de trouble grave de la coagulation avec le vaccin de Janssen (et aussi AstraZeneca) chez les jeunes adultes, plutôt de sexe féminin, à une fréquence estimée de 1 sur 100'000 avant 50 ans

  • un risque de myocardite (infection du cœur) avec les vaccins ARN chez les jeunes, d’évolution bénigne, à une fréquence estimée de quelques dizaines de cas par million d’injection, chez les adolescents et jeunes hommes. Ce risque est cinq fois plus prononcé avec le Moderna qu’avec le Pfizer.

La plupart des agences réglementaires et de santé publique estiment que la balance bénéfices-risques des vaccins ARN est favorable à tous les âges, y compris chez les jeunes.

Quelques pays ont néanmoins opté pour une approche prudente avec le vaccin de Moderna, en raison du risque de myocardite chez les jeunes et parce que les données sont encore limitées:

  • la Suède, le Danemark et la Finlande jugent la balance bénéfices-risques incertaine pour le Moderna chez les adolescents, et lui préfèrent le vaccin de Pfizer.

  • Le Royaume-Uni a quant à lui décidé de n’offrir qu’une seule dose de vaccin ARN aux adolescents, les myocardites étant pour la plupart consécutives à la deuxième dose.

  • La France conseille le Pfizer plutôt que le Moderna avant 30 ans

Lire aussi: Myocardites: les vaccins ARN font-ils vraiment plus de mal que de bien aux ados?

Beaucoup de fausses rumeurs existent sur les effets des vaccins, qui vont de la modification du génome à l’induction d’un champ magnétique dans le bras, en passant par la stérilité ou le dérèglement de l’immunité. Certaines organisations, dont NewsGuard, se chargent de les compiler.



Quels vaccins ont fait l’objet de publications scientifiques?

  • vaccin de Pfizer-BioNtech (ARN messager modifié + nanoparticule lipidique)

Les résultats définitifs d’efficacité (essai de phase 3 aux Etats-Unis, près de 44’000 participants) ont été publiés le 10 décembre 2020 dans le New England Journal of Medicine.

Le comité d’évaluation de la FDA a publié un dossier très complet, pour les amateurs.

  • vaccin de Moderna (ARN messager modifié + nanoparticule lipidique)

Les résultats définitifs d’efficacité (essai de phase 2-3 aux Etats-Unis) ont été publiés le 30 décembre 2020 dans le New England Journal of Medicine.

Le comité d’évaluation de la FDA a publié un dossier très complet, pour les passionnés.

  • vaccin d’Oxford-AstraZeneca (vecteur adénovirus de chimpanzé)

Les résultats intérimaires d’efficacité (essais de phase 3 au Royaume-Uni, Brésil et Afrique du Sud, près de 24’000 participants au total) ont été publiés le 8 décembre 2020 dans le Lancet.

De nouveaux essais ont été conduits, principalement, aux Etats-Unis pour confirmer ces premiers résultats, publiés le 16 décembre 2021 dans le NEJM.

  • vaccin de Johnson & Johnson (vecteur adénovirus, monodose)

Les résultats définitifs d’efficacité (essai de phase 3 aux Etats-Unis et en Amérique latine) ont été publiés le 21 avril 2021 dans le New England Journal of Medicine.

Le comité d’évaluation de la FDA a publié un dossier très complet, pour les aficionados.

  • vaccin de CureVac (ARN messager non modifié + nanoparticule lipidique)

Les résultats préliminaires d’efficacité ont été rendus publics par le fabricant, mais pas encore publiés.

  • vaccin de Novavax (protéine Spike + nanoparticule lipidique)

Les résultats définitifs d’efficacité ont été publiés le 30 juin 2021 dans le New England Journal of Medicine.