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Dans le brouillard des indicateurs. Le Conseil fédéral estime que les semaines à venir seront «tendues», mais il fait preuve d’optimisme. Alain Berset:
«La dynamique actuelle est difficilement prévisible, mais on semble voir une évolution qu’on peut qualifier de positive, on semble être à la veille d’une transition majeure vers une phase endémique.
Est-ce que c’est la fin de la pandémie? Est-ce qu’on a passé le pic de la 5e vague? On l’espère évidemment, mais pour l’instant on ne le sait pas, il faut rester modeste et prudent.»
Depuis deux semaines en effet, le nombre de tests positifs n’a pas augmenté de manière significative, mais la task force scientifique n’exclut pas, dans son rapport du 17 janvier, que l’aplatissement de la courbe soit lié aux limites des dispositifs de dépistage.
Au niveau des hospitalisations, difficile également pour le Conseil fédéral de se fier aux chiffres, en raison des retards dans la déclaration des hospitalisations des patients Covid. Il faut plus de deux semaines pour que plus de 90% des hospitalisations soient déclarées, indique ainsi la task force dans son rapport:
«Compte tenu de ces retards de déclaration, le nombre de nouvelles hospitalisations déclarées ne permet pas de mesurer l'évolution actuelle de la charge du système de santé.»
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Interrogé à ce sujet, Alain Berset rétorque:
«On prend des décisions sur la base des chiffres et des réalités qu’on voit sur le terrain, en intégrant naturellement les avis de tous les spécialistes, de l’OFSP et de la task force scientifique.
C’est un équilibre assez fin entre beaucoup d’informations. La dynamique d’une évolution est importante, ce n’est pas seulement de savoir si nous sommes à X cas et si ça augmente ou pas dans les hôpitaux, mais aussi de savoir quelle est la vitesse de cette évolution.
Sur la base de ce que nous voyons aujourd’hui, il nous semble que l’on peut dire — et les spécialistes sont aussi arrivés à cette conclusion — que la vague à laquelle nous sommes confrontés à d’autres caractéristiques que les précédentes et donc il faut nous adapter à cette situation.»
Les mesures en vigueur jusqu’à fin mars. C’est dans ce contexte dynamique que le gouvernement a décidé de prolonger jusqu’à fin mars — sous réserve que la situation ne permette pas des allégements plus tôt —, les mesures suivantes:
la règle des 2G et des 2G+ à l’intérieur de certains établissements,
l’obligation renforcée du port du masque à l’intérieur,
la règle des 3G pour les manifestations à l’extérieur dès 300 personnes
et les restrictions pour les rencontres privées.
Sur le télétravail et les quarantaines. Ils seront, selon toute vraisemblance, abandonnés fin février — pour autant que la situation ne permette pas un allègement plus tôt.
A ce stade, il serait cependant trop risqué de lâcher la bride, note Alain Berset:
«Il nous semble trop tôt pour les lever complètement, car le risque de contamination avec la mobilité et au sein des entreprises nous semble encore élevé. Il se pourrait aussi que ce soit quelque chose de négatif pour l’économie. Il risquerait d’avoir plus d’infections au travail. On constate également que les autres pays ont maintenu les quarantaines. Le Conseil fédéral a déjà fait un pas important en réduisant le dispositif.»
Reste que la levée des quarantaines marquerait «un tournant majeur dans la lutte contre la pandémie», poursuit-il:
«Elles nous accompagnent depuis deux ans. C’est un élément extrêmement important qu’il est prévu de lever, une fois cette vague dernière nous. Ce que nous espérons possible au plus tard à la fin du mois de février.»
Pour le reste. Le Conseil fédéral ne retient aucune des mesures soumises en consultation relatives à un durcissement du dispositif. Le port du masque ne sera pas obligatoire dès 8 ans sur l’ensemble du territoire, les capacités lors des grandes manifestations ne seront pas restreintes et le présentiel reste autorisé à l’université.
Sur le certificat. Il ne sera plus valable durant une année, mais durant 9 mois, à compter du 31 janvier. Ainsi, les certificats délivrés en Suisse seront reconnus dans l’Union européenne.
Alain Berset rappelle par ailleurs qu’en Suisse, la majorité des activités nécessitant le certificat devrait voir cette contrainte disparaître le 31 mars, avec la fin du train de mesures adopté mi-décembre.
Sur les tests. Le Conseil fédéral explique qu’il revient aux cantons d’établir s’il est nécessaire de prioriser l’accès aux tests et comment.
Il insiste cependant sur le fait que l’OFSP recommande d’établir l’ordre de priorités suivant en cas de surcharge:
Tests des personnes vulnérables présentant des symptômes ou ayant été en contact avec une personne testée positive.
Tests répétés dans les institutions de santé.
Tests répétés dans les infrastructures critiques (à définir par les cantons).
Tests des personnes symptomatiques.
Tests répétés dans les écoles.
Tests répétés dans les entreprises.
Tests pour les voyages professionnels ou privés, pour autant qu’un test PCR soit requis.
Tests «de convenance», c’est-à-dire ceux effectués pour obtenir un certificat.
PCR plus obligatoire. Afin de désengorger le système de dépistage et les laboratoires notamment, le Conseil fédéral a pris la décision d’autoriser les tests antigéniques rapides pour certifier d’une infection. Après un autotest ou test rapide positif, il n’est plus obligatoire de confirmer l’infection par PCR.
Il sera possible, dès lundi 24 janvier, d’obtenir un certificat de guérison à parti d’un test antigénique rapide, mais uniquement valable en Suisse, durant 270 jours.
Attention cependant si vous êtes voyageur: l’Union européenne demande l’établissement d’un test PCR positif pour l’obtention d’un certificat de guérison.
Sur l’entrée en Suisse. À partir de samedi 22 janvier, les personnes vaccinées ou guéries ne devront plus présenter de test PCR ou de test rapide antigénique négatif pour entrer sur le territoire. Les autre oui.
Par ailleurs, il n’y aura plus besoin — pour personne — de présenter un second test aux autorités entre quatre et sept jours après l’entrée en Suisse.