La saison de ski est ouverte: un blessé sur trois repartira avec une atteinte au genou

Skieurs dans les Alpes suisses. | Keystone / Gian Ehrenzeller

Du 14 au 17 novembre, Heidi.news est présent au salon suisse de la santé, organisé cette année à Martigny, en Valais.

«Le genou, maillon faible de la pratique du ski». C’était le thème de la conférence présentée jeudi 14 novembre lors du Salon valaisan de la santé. Le Dr Maxime Grosclaude, spécialiste en médecine physique et réadaptation, et le Dr Olivier Siegrist, chirurgien orthopédique spécialiste de la reconstruction du genou, tous deux à l’hôpital de La Tour (Genève), ont fait le point sur la blessure du skieur: la fameuse rupture du ligament croisé antérieur du genou.

Pourquoi c’est un enjeu. Contrairement aux snowboarders, qui ont souvent des blessures aux poignets, les skieurs sont très exposés aux atteintes des membres inférieurs. Dans un tiers des cas, c’est le genou qui est concerné. Une blessure très invalidante, puisqu’elle nécessite plusieurs mois de rééducation, voire une intervention chirurgicale dans certains cas. En Suisse, on décompte environ 10'000 ruptures des ligaments croisés antérieurs par an.

La mécanique du genou. Le ligament croisé antérieur du genou s’oppose à un déplacement vers l’avant du tibia par rapport à la cuisse («tiroir antérieur») et participe également à stabiliser la rotation de la jambe. C’est un élément très exposé dans les sports de pivot, avec (football, ski, rugby…) ou sans contact (tennis, ski…) , où les appuis sont fortement sollicités.

Une blessure de skieur… et de skieuse. La rupture du ligament croisé antérieur (LCA) du genou est la blessure emblématique du skieur. Maxime Grosclaude, médecin du sport:

«En coupe du monde, un skieur sur trois va se blesser durant une saison, et on parle de blessures de plus de 28 jours. »

Pour l’athlète comme pour le skieur du dimanche, le genou est l’atteinte la plus fréquente: il représente environ un tiers des blessures. de ski alpin Dans environ un cas sur deux, c’est alors une rupture du LCA qui est en cause.

L’évolution du matériel ces dernières années, vers des skis beaucoup plus courts et réactifs, a favorisé de telles blessures. On note une augmentation depuis les années 80. Maxime Grosclaude:

«Les pistes sont devenus des billards lisses et les skis ont des rayons de courbure bien plus serrés.»

À activité et niveau identique, les femmes ont 4 à 7 fois plus de risques d’atteinte que les hommes, essentiellement du fait de leur morphologie (genoux rentrés vers l’intérieur).

La prise en charge. Dans les deux-tiers des cas, les traitements conservateurs (physiothérapie, rééducation) suffisent, notamment en cas de jeu réduit entre les articulations. La chirurgie se justifie surtout dans les cas les plus graves (atteinte supplémentaire des ligaments croisés externes) et chez les grands sportifs ou autres professionnels, plutôt chez les patients jeunes.

L’intervention consiste à prélever un morceau de tendon du genou pour remplacer le ligament rompu.

Les progrès. La reconstruction est de plus en plus «biologique». Olivier Siegrist:

«Depuis quelques années, on essaie de garder les restes du ligament et on y glisse le tendon greffé, ce qui permet de conserver des vaisseaux et les terminaisons nerveuses et renforce le greffon.»

Depuis quelques années, les chirurgiens s’attachent aussi à renforcer le ligament antéro-latéral (LAL) lors d’une reconstruction du LCA. Lorsque c’est possible, ils s’emploient à réparer les ménisques pour éviter une usure prématurée, très fréquente à long terme.

Olivier Siegrist:

«On s’est un peu amélioré: le retour au sport était de 60% avec une réparation classique. Il est de 69% avec l’intervention LCA + LAL associé au traitement de toutes les lésions méniscales.»

La reprise du ski. Dans tous les cas, il faut être patient. Pour les skieurs du dimanche:

  • il faut compter entre quatre et six mois en cas de cicatrisation naturelle.

  • après une reconstruction chirurgicale, le délai est de l’ordre de neuf à douze mois.

La dégradation des articulations consécutive à une atteinte du genou est à peu près systématique. Olivier Siegrist:

«Bien souvent, ces genoux sont marqués à vie et vont se dégrader prématurément.»

Elle peut déboucher sur la pose d’une prothèse de genou, plusieurs décennies plus tard. Dans ces cas-là, le ski reste possible... avec beaucoup de modération. Olivier Siegrist:

«Une prothèse de genou c’est un capital articulaire: si on tape dedans, il va diminuer.»