Les premiers mois. Une analyse des données issues de 21 pays favorisés le montre: pendant la première vague de la pandémie, entre avril et juillet 2020, le taux de suicide n’a pas augmenté par rapport aux années précédentes. Dans certains pays, il a même baissé. La Suisse ne faisait pas partie des pays étudiés – mais des pays voisins comme l’Allemagne et l’Autriche ont participé à l’étude. Ces résultats confirment les conclusions d'études précédentes sur le même sujet.
Un sentiment de communion. Ainsi, bien que le stress psychologique ait augmenté lors de la première vague, il n'a pas engendré plus de suicides.
Selon les chercheurs, cela s'explique en partie par le fait que certains de ces pays aient développé une politique de santé mentale dès le début et ont facilité l’accès au soutien psychologique.
En outre, le stress pourrait avoir été atténué par le sentiment de communion des premiers mois, à travers des actions solidaires, par exemple l'aide de voisinage.
Enfin, les difficultés financières provoquées par la pandémie ont été atténuées par le soutien financier des gouvernements.
Les auteurs de l’étude mettent en garde: le risque de suicide pourrait augmenter à nouveau si les aides cessaient d’être versées.
Même lorsque les chercheurs ont inclus des données plus récentes, datant d'octobre 2020, les conclusions n'ont pas changé… à trois exceptions près: le nombre de suicide a augmenté à Vienne, au Japon et à Porto Rico. Les chercheurs soulignent aussi que la fatigue, que beaucoup ressentent aujourd’hui, ne doit pas non plus être prise à la légère d'un point de vue psychologique.
Une deuxième vague plus de déprimante. Le stress était beaucoup plus élevé lors de la deuxième vague d'octobre 2020 que lors de la première. C’est ce que montrent les résultats de la troisième enquête menée en novembre 2020 dans le cadre de l'étude suisse sur le stress lié au coronavirus. En Suisse, les niveaux de stress ont augmenté de manière significative par rapport à l’enquête du confinement d'avril 2020. Avant la pandémie, la proportion de répondants présentant des symptômes dépressifs graves était de 3%. Pendant le confinement d’avril, elle montait à 9%. Et en novembre, elle est passée à 18%. Ce sont les jeunes entre 14 à 24 ans qui sont les plus concernés.
La demande de soutien psychologique a également explosé au cours de la deuxième vague, comme l’annonçait récemment la Fédération suisse des psychologues. Il faudra cependant attendre mars 2022 pour savoir si la deuxième vague a eu des répercussions sur le nombre de suicides: c'est en effet seulement à cette date que le gouvernement suisse publiera les statistiques des causes de décès pour 2020.
L’étude à la loupe
Le commentaire. L'étude ne comprend que des données provenant de pays relativement riches, les résultats ne sont donc pas universels. Elle ne s'est pas non plus intéressée à des populations spécifiques, mais il est possible que certains groupes aient davantage souffert psychologiquement de la pandémie. L'étude s'est également heurtée à la qualité variable des données. Et enfin, le taux de suicide est influencé par une grande variété de facteurs qui ne sont pas représentés ici. L'étude peut donc fournir des indications, mais les résultats doivent être confirmés par d'autres recherches.
La fiabilité. Données mensuelles officielles d'avril à juillet 2020 de 21 pays, dont dix avaient des données pour l'ensemble du pays et onze pour des régions individuelles, évaluées par des pairs.
Le type d'étude. étude observationnelle.
Besoin d‘aide? Tout le monde peut perdre son équilibre mental - surtout dans le contexte de la pandémie actuelle. Vous trouverez ici des adresses pour chercher de l’aide auprès de professionnels et des conseils pour le quotidien.
Traduit de l’allemand par Dorothée Fraleux