La loi Covid empêche le Conseil fédéral de faire cavalier seul

Logo pour le oui à la Covid présenté à Berne le 4 novembre 2021. | Keystone / Anthony Anex

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Après la présentation à Berne jeudi 4 novembre par les présidents de six partis unis en faveur de la loi Covid-19, c’était au tour de politiciens romands d’exposer à Lausanne ce 5 novembre leurs arguments en faveur des modifications de cette loi soumise au peuple le 28 novembre. Cette alliance de six partis affiche son soutien massif à une loi qui permet «aux autorités de maîtriser la pandémie en prenant des mesures appropriées et proportionnées».

Pourquoi on y est allé. Six représentants romands des Verts, du Parti Evangélique, du PS, du Centre, des Vert'libéraux et du PLR ont expliqué en quoi, selon eux, cette loi est indispensable pour surmonter la pandémie. Après avoir écouté les arguments des opposants et de l’UDC, il est temps de présenter ceux des partis en faveur de la loi Covid. Si leur mobilisation n’est pas aussi intense que celle des opposants, c’est qu’ils comptent sur la «raison» de la population qui, pensent-ils, a bien compris les enjeux et n’a pas «le sentiment de vivre en dictature».

Les forces en présence. Cinq conseillers nationaux et un vice-président de parti étaient présents à Lausanne:

  • Sophie Michaud Gigon, conseillère nationale VD, les VERT-E-S

  • François Bachmann, vice-président du Parti Evangélique, VD

  • Samuel Bendahan, conseiller national VD, vice-président du PS

  • Vincent Maitre, conseiller national GE, Le Centre

  • Michel Matter, conseiller national GE, vice-président du parti Vert’libéral

  • Philippe Nantermod, conseiller national VS, vice-président du PLR

Dénoncer les mensonges et paradoxes. Entre arguments économiques, sociaux, juridiques, sanitaires, sociaux et de liberté, chacun a présenté les éléments les plus importants à ses yeux. Mais c’est à l’unanimité que les intervenants ont dénoncé les mensonges des référendaires contre la loi. Ainsi, Sophie Michaud Gigon a insisté sur un paradoxe important en cas de non le 28 novembre. Paradoxe déjà identifié par Heidi.news le 27 septembre: les référendaires expriment de manière répétée qu’ils veulent moins d’Etat et plus de liberté. Or la modification de l’article 1 a. de la loi Covid restreint justement la marge de manœuvre Conseil fédéral. En rejetant la loi, ce dernier retrouverait donc une marge de manœuvre plus importante. L’élue vaudoise l’a martelé:

«Cette loi empêche le Conseil fédéral de faire cavalier seul, ce que craignent justement les opposants et qu’ils brandissent pour faire barrage à la loi. Elle n’étend pas le pouvoir du Conseil fédéral, mais elle fixe des limites claires à ce pouvoir.»

De son côté, Samuel Bendahan a tenu à rappeler ce qu’est la loi Covid:

«Les opposants oublient que l’ennemi, c’est le virus. On parle beaucoup du certificat Covid, qui cristallise toutes les tensions avec le traçage des contacts. Pourtant, la loi ce sont avant tout des aides et soutiens économiques. J’ai donc analysé les modifications votées au Parlement le 19 mars et je vois que plus de 90% concernent des aides économiques ou spécifiques. Seules quelques lignes parlent du certificat Covid.

Chaque aide qui est octroyée par cette loi suit une logique: résister. Résister plutôt que mourir, résister plutôt que faire faillite, résister plutôt qu’abandonner. Tout le monde le sait, licencier puis réengager n’est pas la même chose que garder les compétences: ressusciter une entreprise demande maintes fois plus de ressources que de la protéger pendant un moment.»

L’élu a également plaidé en faveur des milieux culturels. «Les aides pour ce secteur sont un progrès historique dans la reconnaissance du statut d’intermittent. Celles-ci ont aussi pour objectif de ne pas détruire la force de création culturelle massive que notre pays a.» Le socialiste a également détaillé tous les secteurs qui sont concernés par le filet de sécurité économique. Des crèches aux rentes-pont pour les personnes proches de la retraite, en passant par le monde du sport et les indépendants.

Autant d’aides temporaires qui arriveront bientôt à échéance. Dire non à la loi Covid ne concerne, selon les référendaires, pas tant les aides que ça… Ce à quoi Samuel Bendahan rétorque:

«C’est vrai, mais elles pourraient être prolongées en cas de nécessité et en fonction de l’évolution de l’épidémie. On ne pourra plus aborder cette question des aides au Parlement si le peuple rejette la loi Covid. Comprenez moi bien: le but n’est pas de prolonger inutilement ces aides, mais seulement en cas de nécessité. En disant oui, le Parlement conservera une marge de manœuvre pour continuer à soutenir les secteurs qui en auraient encore besoin à l’avenir.»

Philippe Nantermod a pour sa part affirmée que la loi Covid, c’était la liberté:

«Grâce au certificat – et donc la loi Covid – nous pouvons retourner vers une liberté concrète dans les restaurants sans devoir nous préoccuper de la capacité et en pouvant enlever le masque. Nous pouvons à nouveau prendre part à des événements sportifs, à des foires, à des manifestations culturelles. Même réflexion pour les voyages, ils sont à nouveau d’actualité.

Sincèrement, cela fait plus de sept mois que nous expérimentons cette loi et ses avantages. Et je n’ai pas l’impression que la population vit dans une dictature.»

De manière rationnelle, simple et posée, Vincent Maitre et Michel Matter ont également souligné que la loi représentait la garantie de pouvoir sortir le plus rapidement possible de la crise en minimisant les dégâts économiques et sociaux qui y sont liés. Avec ce petit plus: des sourires et des poignées de main retrouvés grâce au certificat Covid. Enfin, François Bachmann a rappelé l’épée de Damoclès que représentait l’épidémie pour le système hospitalier et que

«même si on ne peut pas dire que le Conseil fédéral ressemble à Game of Thrones, winter is coming

Une boutade pour dire qu’il demeure nécessaire de continuer à protéger le système hospitalier alors que le nombre de nouvelles infections augmente et que l’on se trouve certainement à l’aube de 5e vague. Le certificat est pour lui

«l’outil adéquat pour maintenir une certaine liberté de mouvement et stabiliser le nombre de cas d’infection à un niveau gérable sans obligation de vaccination ni lockdown.»

Attaques personnelles. Les six politiciens ont également relevé que leur mobilisation en faveur de la loi Covid leur vaut des attaques et menaces régulières. Mais ils relativisent tous: «Nous recevons plus de messages de soutien et de remerciements pour le travail effectué que d’agressivité.» Une réalité qui les rend confiants quant à l’issue du scrutin.