La France conseille le Pfizer plutôt que le Moderna avant 30 ans

Une fiole de vaccin Moderna (Spikevax) et Pfizer (Comirnaty) placées côte à côté. | Keystone / DPA / Stefan Puchner

La Haute autorité de santé (HAS), en charge de produire des recommandations vaccinales pour la France, a choisi le 8 novembre 2021 de déconseiller le vaccin de Moderna en-dessous de l’âge de 30 ans, au profit de celui de Pfizer. Cette décision, qui ne remet pas en cause la balance bénéfices-risques favorable, se fonde sur une nouvelle étude nationale. Laquelle confirme le sur-risque de myocardite chez les jeunes hommes après injection du vaccin ARN de Moderna. Celui-ci est au contraire plutôt recommandé au-dessus de 30 ans, en raison de son efficacité légèrement supérieure au produit concurrent de Pfizer.

Pourquoi on vous en parle. Les points forts et les points faibles des vaccins Covid-19 commencent à être connus, ce qui autorise un usage différencié selon le profil des patients. La décision française est à comprendre en ce sens, la HAS précisant qu’aussi bien le Pfizer que le Moderna présentent «des risques rares et résolutifs» dans l’absolu. Mais cette prise de décision tranche avec celle des autorités sanitaires fédérales en Suisse, qui continuent de placer les deux vaccins ARN sur un plan d’égalité – laissant aux cantons la possibilité d’affiner leur stratégie au besoin.

Une précision utile. La décision de la HAS ne vise pas à remettre en cause la balance bénéfices-risque favorable des vaccins de Pfizer et Moderna, considérée par les autorités françaises comme favorable à tous âges au regard du risque Covid-19 – les deux permettant d’éviter les formes graves dans plus de 90% des cas et participant au contrôle de l’épidémie, dans un contexte de résurgence européenne. Mais elle vise à employer les vaccins à disposition de la façon la plus sûre possible.

L’étude en question. Conduite par Epi-Phare, une structure publique ayant accès à l’ensemble des données de vaccination et d’hospitalisation françaises, la nouvelle étude visait à mieux définir le risque de myocardite ou péricardite (inflammation du muscle cardiaque ou de sa membrane) après injection d’un vaccin ARN. Elle confirme l’existence d’un léger sur-risque, déjà identifié depuis plusieurs mois, et permet surtout de le quantifier avec des données de bonne qualité. Celui-ci, très faible dans l’absolu, s’avère cinq fois plus élevé pour le Moderna que pour le Pfizer.

Chez les jeunes hommes de 12 à 29 ans, la vaccination avec Moderna a ainsi été à l’origine de 132 cas de myocardite-péricardite supplémentaires par million de doses administrées – soit environ 2000 cas en tout pour la France. Comme elles risquent d’affaiblir le muscle cardiaque sur la durée, les myocardites font l’objet d’un suivi et d’une prise en charge médicale attentive. Ces myocardites connaissent une évolution clinique favorable pour la grande majorité d’entre elles, et aucun décès n’est à rapporter.

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