L'évolution peut-elle expliquer la dépression?
Une personne sur cinq vivra une dépression au cours de sa vie. Une fréquence si massive que la tentation est forte d’expliquer la maladie par des facteurs évolutifs profonds pesant sur l’espèce humaine. Dans cet article paru sur le site universitaire The Conversation, Gilles Bertschy, professeur de psychiatrie au CHU de Strasbourg, fait la lumière sur les nombreuses théories existantes. Certaines s’attachent à décrire la dépression comme un comportement de préservation social, d’autres comme un vestige de comportement de retrait face aux maladies infectieuses, ou encore comme une forme exacerbée d’empathie… La liste est longue.
Pourquoi c’est intéressant. Étonnamment, l’évolution au sens darwinien du terme n’a que peu influencé la vision des maladies et de leur étiologie. La médecine évolutionniste vise à rectifier le tir, en essayant d’expliquer l’apparition de certaines pathologies contemporaines – obésité, diabète, maladies auto-immunes – comme le résultat d’un conflit entre des dispositions lentement sélectionnées au fil de l’évolution et un environnement en mutation rapide. Cette perspective se distingue par son grand pouvoir explicatif. Comme le disait le célèbre biologiste Theodosius Dobzhansky: «rien en biologie n'a de sens, si ce n'est à la lumière de l'évolution».