Muriel, la skipper, et moi sommes arrivées aux Canaries mardi 29 octobre pour préparer le bateau. Il y avait du boulot. Tant de détails techniques et logistiques à régler. Nos maris Hervé et Bernard ont effectué un travail incroyable: inventaire du grément, contrôle de l’électronique, avitaillement en eau. Nous avons travaillé sans relâche jusqu’à l’arrivée de l’équipage, qui a pris ses marques à bord hier.
Quelle chance d’avoir des maris et compagnons soutenants. C’est si important pour mener à bien un projet.
Muriel notre skipper est incroyable. Il y a une année, quand j’ai imaginé cette transat, c’était évident que je voulais la faire avec elle. Non seulement elle est compétente, mais elle nous fait aussi voir les bons côtés de la vie. Un problème? Ok, on va le résoudre.
Nous avons aussi une médecin à bord. Ma médecin, Carine, celle qui m’a opérée de cette méchante tumeur. Si je lui ai proposé de partager cette aventure avec nous, ce n’est pas pour nous administrer du tamoxifène (un médicament pour prévenir les récidive du cancer du sein), mais parce que cela me rassurait d’avoir une médecin à bord en cas de pépin. Ce qui est génial, c’est qu’elle s’est occupée de toute la pharmacie de bord. Elle a même embarqué un défibrilateur.
En attendant notre départ, elle nous a distribué des pastilles de stugeron pour prévenir le mal de mer les trois premiers jours.
L’avitaillement
Hier, notre première mission a été de faire l’avitaillement pour être autonomes pendant 25 jours. 25 jours de nourriture pour huit personnes.
Nicole, Stéphane, Muriel, Francesca et Nadège ont fait un travail remarquable. Stéphane a même créé un fichier excel pour qu’on puisse savoir où se trouve quoi. Un travail impressionnant que je serais incapable d’accomplir. Aujourd’hui, elle est kO, tant elle a travaillé.
Ainsi, à bord, nous n’aurons pas besoin de nous prendre la tête pour savoir où on a mis le riz basmati par exemple.
C’était rigolo de faire les courses. Grâce à nos casquettes roses bien visibles, nous pouvions nous retrouver au milieu des étalages.
Cap vert ou route directe jusqu’à la Martinique?
Dans quelques minutes, nous allons discuter de la route que nous allons choisir.
Il y a deux options possibles. Naviguer directement jusqu’aux Antilles ou alors passer par le Cap Vert. Les alizés étant bien installés, ils nous y pousseront.
Personnellement, j’ai très envie de passer par le Cap Vert. Mais cela veut dire que nous mettrons peut-être deux jours de plus pour la transat, car nous nous y arrêterons pendant 48 heures.
Certaines d’entre-nous doivent être impérativement de retour pour le 2 décembre. Il va falloir trouver un compromis pour ne pas se mettre la pression. Prendre le temps d’avoir le temps.
Communication avec les proches
Autre question dont nous avons discuté à bord: la communication avec nos proches.
Notre sponsor (advanced tracking) nous donne un accès illimité aux communications. Une chance. Théoriquement, nous pourrions échanger des what’s app avec nos proches via notre réseau satellite à longueur de journée. Après une discussion, nous avons unanimement décidé d’envoyer des nouvelles du bord une seule fois par jour à Aurélia, notre chargée de communication. Ainsi, nous pourrons vivre la magie d’être déconnectées pendant vint jours (avec une exception au Cap Vert) et nous laisser porter par les vents.
Ce qui est génial pendant tous ces jours de préparation, c’est que je ne pense plus à la maladie. Je suis dans l’instant présent. Un instant si joyeux.
Encore une dernière chose: depuis mon arrivée et celle de Muriel, nous avons été accompagnées par Sophie, Nicolas et Amélie, qui sont en train de réaliser un documentaire, ainsi que Germain, qui fait des photos à bord pour le livre qui sera publié aux éditions Favre après notre retour. Ce matin, nous avons accueilli Maxime de Raemy, de Alias partner notre sponsor principal, et sa femme Sylvia, qui ont fait le déplacement jusqu’aux Canaries pour venir assister à notre départ. Nous avons aussi fait un shooting photo sur le pont du bateau avec Germain. La lumière était extraordinaire. Et il m’a fait remarquer qu’il sentait beaucoup de gentillesse et d’amour à bord. Je confirme.