Infection à Covid-19: vers une protection de plusieurs années?

Une enfant passe près d'un graffiti COvid-19 dans le township d'Orlando, près de Johannesburg (Afrique du Sud). | Keystone / Jerôme Delay

Une bonne nouvelle en passant. On savait déjà que des anticorps neutralisants sont produits chez l’immense majorité des patients Covid-19 et persistent plusieurs mois à des niveaux élevés. Mais quid de l’immunité à plus long terme? Une étude américaine d’ampleur inédite s’est penchée sur la question. Elle montre, avec huit mois de suivi après l’infection, la présence d’un nombre élevé de cellules immunitaires mémoire. À des niveaux sans doute suffisants, indique le New York Times qui cite l’auteur principal, pour protéger partiellement les patients pendant des années.

Pourquoi c’est intéressant. L’existence de réinfections pourrait laisser craindre que l’immunité à Covid-19 ne soit évanescente. Avec la perspective que les personnes infectées ne soient pas mieux armées en cas réexposition à quelques mois de distance. Ces nouveaux travaux, non encore revus par les pairs mais menés par des chercheurs renommés, témoignent d’une mémoire immunologique importante et stable sur plusieurs mois. En cas de réexposition au virus, elle aurait sans doute pour effet de limiter la gravité de la maladie dans l’immense majorité des cas.

La réponse antivirale adaptative. L'organisme comporte deux lignes de protection contre les virus. La réponse immunitaire innée permet une défense initiale, et la réponse adaptative permet de réagir plus efficacement en cas de nouvelle exposition. Cette dernière s’élabore sur plusieurs temps:

  • Dans les deux à trois semaines après l’infection, l’organisme produit des anticorps dirigés contre le virus, afin de neutraliser les cellules infectées et le virus présent dans l’organisme.

  • Ces anticorps, qui patrouillent dans le sang et les muqueuses des patients, persistent à un niveau élevé pendant quelques semaines ou mois, avant de décliner graduellement.

  • Un sous-ensemble de cellules immunitaires spécialisées contre le virus ne dégénèrent pas mais restent viables à long terme, prêtes à relancer la réponse immunitaire en cas de nouvelle exposition analogue: les cellules mémoire.

Ce schéma classique était encore à valider pour Covid-19. Si la présence d’anticorps dans le sang est facile à détecter par des tests de routine, les cellules immunitaires sont beaucoup plus ardues à détecter. D’où l’intérêt des travaux de l’immunologiste Shane Crotty (La Jolla) et ses collègues, qui montrent que la réponse à l’infection par Sars-CoV-2 se déroule bien comme dans les manuels de biologie. Et que cette mémoire immunologique persiste plusieurs mois à un niveau élevé.

En cas de réinfection. Les cellules immunitaires qui constituent la mémoire immunologique sont de plusieurs types: les lymphocytes B ont vocation à produire des anticorps neutralisants en masse, les lymphocytes T CD4 à produire des messagers chimiques pour les y encourager, et les lymphocytes T CD8 à s’attaquer directement aux cellules infectées par le virus.

En cas de nouvelle exposition à Sars-CoV-2, cette réponse adaptative met a priori quelques jours à se déployer, le temps que les cellules mémoire se multiplient. C’est sans doute trop lent pour prévenir une réinfection, le virus ayant le temps de se répliquer dans les voies aériennes supérieures. En revanche, il est très plausible que la diffusion du virus aux autres organes soit limitée, d’où une gravité réduite.

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A lire dans le New York Times