abo Homéopathie, acupuncture, étiopathie: peut-on évaluer les médecines complémentaires?

Pixabay / Geralt

Un tiers des Suisses a recours aux médecines complémentaires chaque année — un engouement en progression, particulièrement présent côté romand. Entre traitements remboursés et «thérapies» en tous genres, cet été, Heidi.news explore un sujet qui crispe autant qu’il met en exergue les limites de la médecine conventionnelle. Episode 4.

Aiguilles, cocktails de plantes ou énergies impalpables: les médecines complémentaires sont un vrai défi à l’évaluation. Elles obligent la communauté scientifique à sortir de sa zone de confort et à faire évoluer le cadre classique de la médecine fondée sur les preuves. Avec en toile de fond, une question: faut-il se focaliser sur l’efficacité propre, souvent douteuse, de ces pratiques? Ou s’interroger sur leur juste place au regard des autres pratiques de soins?

Dans un monde idéal. L’evidence-based medecine (EBM), c’est-à-dire la médecine fondée sur des données probantes, a instauré une procédure comme «gold standard» de l’évaluation des médicaments et autres soins: l’essai clinique randomisé, en double aveugle, contre placebo. C’est «le seul modèle qui vaille», revendique Grégory Ninot, codirecteur de l’Institut Desbrest d’épidémiologie et de santé publique à Montpellier, et auteur du livre «100 médecines douces validées par la science».

Même idée chez Axel Hasenhöller, psychologue et fondateur de Psybay (centre romand de formation et d’information sur les pratiques non conventionnelles):

«Le modèle du double aveugle permet d’évaluer un élément spécifique pour un problème donné. C’est un aspect rationnel qui a du sens, notamment pour comparer les pratiques. La granule de l’homéopathe ou l’aiguille de l’acupuncteur sont-elles plus efficaces qu’un placebo pour soulager un mal de dos? Si oui, laquelle des deux est la plus efficace?»

De quoi s’agit-il? Les participants à un essai clinique sont répartis en deux groupes, par tirage au sort:

  • Les sujets du premier groupe se voient administrer le médicament ou le traitement d’intérêt.

  • Les sujets du groupe contrôle reçoivent un placebo, c’est-à-dire un médicament sans substance active, ou une intervention placebo factice (dite «sham»).

  • Tout la procédure se fait en double aveugle, c’est-à-dire que ni les participants, ni les investigateurs ne savent ce qu’il en est.

L’objectif de la manœuvre: s’affranchir des mille biais possibles pouvant influencer le devenir des patients (état du patient, observance, centre de soins, influence des médecins, etc.), afin d’asseoir l’existence d’une relation de cause à effet entre le traitement et l’effet mesuré.

Ce n’est que lorsque les sujets du groupe traité vont «mieux» que ceux du groupe contrôle que le traitement est réputé efficace, moyennant une réplication indépendante. Cette procédure est notamment celle qui permet l’entrée sur le marché de nouveaux médicaments conventionnels.

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