Tout commence par un passage chez le médecin, des examens et enfin le diagnostic: cancer de la prostate. Les patients confrontés à cette nouvelle ont tendance à sur-réagir, relèvent six urologues américains et canadiens dans une tribune sur le sujet dans le Journal of Clinical Oncology, le 18 avril 2022. Ils appellent à ne plus qualifier de cancer «la forme la moins agressive et la plus faiblarde de cancer de la prostate, proprement incapable de causer des symptômes ou de se propager à d'autres parties du corps», indique le Dr Scott Eggener (Université de Chicago), un des deux premiers auteurs, à AP. Ils estiment que cela permettrait d’éviter le recours à des chirurgie et radiothérapies inutiles chez davantage de patients à faible risque.
De quoi on parle. L’agressivité d’un cancer de la prostate est graduée selon une échelle de 2 à 10, dite score de Gleason, sur la base de l’analyse des tissus prélevés. Les tumeurs de score 6, la forme la moins agressive jusqu’ici qualifiée de cancer, ne nécessitent qu’une surveillance active, sans traitement — au risque de peser inutilement sur la qualité de vie des patients. Le Dr David Penson (Université Vanderbilt), interrogé par AP et n’ayant pas signé la tribune, indique qu’il serait «aux anges si les gens trouvaient un nouveau nom pour la maladie de Gleason 6».
Le but. Ne plus dire «cancer» en cas de Gleason 6 permettrait de réduire l’anxiété des patients, selon plusieurs médecins cités par AP News. En diminuant la peur générée par ce simple mot, les signataires estiment qu’il serait aussi possible de diminuer le surtraitement. Des cellules anormales se développent fréquemment dans la prostate à mesure que les hommes vieillissent, et la plupart de ces tumeurs de la prostate s’avèrent inoffensives. Alors qu’un traitement chirurgical peut entraîner des problèmes sexuels et une incontinence.
Les termes de remplacement Les signataires de la tribune proposent plusieurs alternatives pour qualifier le cancer de la prostate de bas grade:
maladie de Gleason 6
IDLE («inactif»), pour «InDolent Lesion of Epithelial origin»
INERRT («inerte»), pour «INdolent Neoplasm Rarely Requiring Treatment».
Scott Eggener:
«Je me moque bien de savoir comment on l'appelle, tant qu'on ne l'appelle pas cancer.»
Le changement de nom pour qualifier un cancer à faible risque existe déjà, notamment pour la vessie, le col du l’utérus ou encore la thyroïde. Actuellement, une discussion est également en cours pour supprimer le mot «carcinome» pour qualifier certains cancers du sein.