Enlèvement de Christoph Berger, président de la Commission fédérale pour les vaccinations, et mort de son ravisseur antivax

Image d'illustration. | Keystone / Gaetan Bally

Les faits se sont déroulés en deux temps: l’enlèvement d’un homme le 31 mars, puis la mort de son ravisseur présumé le 6 avril au soir à Wallisellen dans le canton de Zurich. Un fait divers qui va rapidement prendre une dimension nationale et politique: le ravisseur présumé est un Allemand actif dans les milieux complotistes et antivax; et le kidnappé est un médecin mandaté par la Confédération à la tête de la Commission fédérale pour les vaccinations (CFV). Christoph Berger a publié un communiqué personnel le 10 avril dans lequel il explique brièvement ce qu’il lui est arrivé.

Le lien entre les deux affaires a été confirmé dans un communiqué par la police cantonale zurichoise le 7 avril. Au moment de son arrestation mercredi soir 6 avril, le ressortissant Allemand a sorti une arme à feu. Il aurait abattu sa compagne avant d’être tué lors d’un échange de tirs avec la police.

L’identité du kidnappé donne une tournure politique à l’affaire. L’enquête a été confiée au ministère public zurichois.

Pourquoi c’est grave. Le potentiel de dangerosité des complotistes évoluant en Suisse est clairement identifié par le Service de renseignement de la Confédération (SRC). Ce service s’occupe de protéger les membres du Conseil fédéral, les Parlementaires, les collaborateurs des tribunaux fédéraux et ceux de l’administration fédérale. 64 menaces ont ciblé ces personnes en 2020, contre 18 en 2019, selon l’enquête publiée dans le Tages Anzeiger.

Les faits. Tout commence le 31 mars au soir, comme le détaille la police cantonale zurichoise:

«Un inconnu a enlevé un homme dans le canton de Zurich et l'a menacé avec des armes à feu. Le soir même, le ravisseur a laissé partir sa victime. La police cantonale zurichoise a immédiatement ouvert une enquête. Celles-ci ont permis d'identifier un Allemand de 38 ans.

Comme les investigations approfondies laissaient supposer que le suspect disposait d'armes à feu, il a été fait appel aux spécialistes de l'unité d'intervention pour l'arrestation à venir. Lorsque ces derniers ont procédé à l'arrestation mercredi soir 6 avril 2022 à Wallisellen peu avant 20 heures, l'Allemand a brusquement sorti une arme à feu et l'a utilisée, touchant probablement sa compagne. La police a alors fait usage du feu. Malgré les mesures de sauvetage immédiatement mises en œuvre, l'homme et la femme sont décédés sur place.»

L’enquête a été confiée au ministère public zurichois qui a ouvert plusieurs procédures pénales pour soupçon d'homicide volontaire à l'encontre du ravisseur et des fonctionnaires de police impliqués dans les événements:

«Les investigations intensives menées dans la nuit de mercredi à jeudi sous la direction du ministère public du canton de Zurich et par la police cantonale de Zurich ont permis d'obtenir d'autres résultats. Lors d'une perquisition dans un appartement de Wallisellen, où l'homme de 38 ans aurait séjourné, la police a trouvé diverses armes, munitions comprises.

L'identification formelle des deux personnes décédées n'a pas encore été effectuée et aucune autre information ne peut être donnée sur leur identité.

L'enquête n'en est qu'à ses débuts. Le déroulement exact de l'incident, ses circonstances ainsi que le motif précis de l'Allemand de 38 ans font l'objet des différentes enquêtes menées par la police et le ministère public en collaboration avec l'Institut médico-légal de Zurich et l'Institut de médecine légale de l'Université de Zurich. En raison de l'enquête en cours, aucune information supplémentaire ne peut être communiquée pour le moment.»

Le ministère public zurichois a formellement identifié le ravisseur et sa compagne, tous deux domiciliés en Suisse. Le rapport médico-légal confirme que «la jeune femme de 28 ans est décédée suite à un coup de feu tiré par son compagnon de 38 ans».

Une troisième personne (un Suisse de 43 ans) en lien avec l’enlèvement du 31 mars a été arrêté le 7 avril. «Sa participation au crime fait l'objet d'investigations en cours», relève le ministère public.

Contactée par Heidi.news, la police cantonale zurichoise ne s’exprime pas plus avant sur ce dossier, renvoyant au bureau du procureur du canton de Zurich.

Qui est le kidnappeur présumé? L’enquête de police et les révélations du Tages Anzeiger permettent de dresser un portrait préliminaire de l’Allemand de 38 ans. Selon le quotidien zurichois, il s’agit «d’un fou d’armes qui a séquestré pendant des heures une personnalité nationale. L'auteur avait des contacts dans les milieux complotistes».

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Selon différentes sources, l’homme en question avait fondé une entreprise en 2020 avec un partenaire commercial par ailleurs représentant de la théorie Flat Earth, selon laquelle la terre est plate. Il aimait également s’entraîner au tir à Spreitenbach, commune argovienne proche de la ville de Zurich.

L’enquête de police devrait permettre d’établir les liens réels entre cet homme et les différentes mouvance complotistes actives dans le pays. Elle doit également déterminer les motivations d’un tel enlèvement et séquestration.

Qui a été kidnappé? Ce qui a poussé la police à intervenir le 6 avril est bien l’enlèvement signalé du 31 mars. Au moment de publier son enquête le 8 avril, le «Tagi» a divulgué l’identité du kidnappé, mais a dû rapidement y renoncer:

«le nom ne peut pas être mentionné par la rédaction en raison d'une décision judiciaire superprovisoire.»

Le signe évident qu’une personnalité est protégée. Contacté par Heidi.news samedi 9 avril, le Département fédéral de l’intérieur a alors refusé de s’exprimer sur le sujet. Avant que le principal intéressé, Christoph Berger, président de la CFV, s’exprime sur l’enlèvement dans un communiqué personnel, le 10 avril.

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