Des virus moins létaux au fil du temps? Le contre-exemple de la myxomatose

Quelles armes insoupçonnées garde en réserve le virus de la myxomatose?... | Pixabay / Ryan McGuire

Les maladies émergentes tendent-elles à devenir moins graves au fur et à mesure que le pathogène s’adapte? Cette hypothèse, baptisée «loi de la virulence décroissante», a connu son heure de gloire au début du 20e siècle – puis, de façon plus fugace et extérieure aux cercles scientifiques, en début de pandémie de Covid-19. Elle souffre pourtant de tant d’exceptions que les biologistes de l’évolution ont fini par cesser d’y apporter du crédit. Le New York Times revient sur l’une d’entre elles: la myxomatose. Une maladie très grave, qui se transmet aux lapins via le moustique, et responsable de la mort de milliards de rongeurs.

L’histoire du tueur de lapin. Le virus de la myxomatose a été introduit en Australie en 1950, afin d’éradiquer les lapins européens considérés comme des nuisibles. Bilan initial du massacre: sanglant – 100 millions de lapins morts en six mois, une létalité de 99,8%. La virulence de la myxomatose a ensuite diminué au cours des années 50, en accord apparent avec la loi de la virulence décroissante.

Un virologue américain a repris le fil de cette histoire en 2008 et trouvé un rebondissement tardif. Une résistance accrue à la myxomatose est bien apparue au sein de la population de lapins, mais le virus a fini par s’adapter en retour. Résultat: un virus devenu immunosuppresseur, avec une virulence qui repart à la hausse à partir des années 1990…

La morale de cette histoire. Le parallèle avec Covid a ses limites. Fort heureusement, la pandémie n’a pas emporté assez de personnes en âge de se reproduire pour que s’engage un bras de fer évolutif entre Sars-CoV-2 et l’espèce humaine. Mais l’exemple de la myxomatose illustre le fait que l’évolution est un processus dynamique, piloté par le hasard et la nécessité, et que les surprises y sont légion. Les virus comme Sars-CoV-2 tendent à muter dans le sens d’une transmissibilité accrue, comme on l’a vu au fil des nouveaux variants (Alpha, Delta, Omicron…). Mais la virulence ne possède pas une valence adaptative claire (comprendre: ce n’est pas le critère le plus pertinent pour prédire l’évolution du virus), d’où une trajectoire évolutive imprévisible.

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A lire dans le New York Times (EN)