Un virologue américain a repris le fil de cette histoire en 2008 et trouvé un rebondissement tardif. Une résistance accrue à la myxomatose est bien apparue au sein de la population de lapins, mais le virus a fini par s’adapter en retour. Résultat: un virus devenu immunosuppresseur, avec une virulence qui repart à la hausse à partir des années 1990…
La morale de cette histoire. Le parallèle avec Covid a ses limites. Fort heureusement, la pandémie n’a pas emporté assez de personnes en âge de se reproduire pour que s’engage un bras de fer évolutif entre Sars-CoV-2 et l’espèce humaine. Mais l’exemple de la myxomatose illustre le fait que l’évolution est un processus dynamique, piloté par le hasard et la nécessité, et que les surprises y sont légion. Les virus comme Sars-CoV-2 tendent à muter dans le sens d’une transmissibilité accrue, comme on l’a vu au fil des nouveaux variants (Alpha, Delta, Omicron…). Mais la virulence ne possède pas une valence adaptative claire (comprendre: ce n’est pas le critère le plus pertinent pour prédire l’évolution du virus), d’où une trajectoire évolutive imprévisible.