J’attends aussi le cadre précis dans lequel les cantons pourront évoluer à l’avenir. La Conférence suisse des directeurs de la santé (CDS) a informé les cantons que le Conseil fédéral et l’OFSP préciseront les conditions d’application. Quand? Le 21 décembre. Comment? Probablement par la voie des ordonnances déjà soumises à consultation. Les cantons devront mettre cela en musique dès le 22 décembre durant les fêtes, pour être prêts le 1er janvier. Ou alors laisser faire, réagir au lieu d’anticiper, et improviser des réponses aux questions…
Cette décision, prématurée selon moi, a des conséquences majeures:
Faute de financement des tests, les prestataires (pharmacies) vont sans doute arrêter cette prestation au public. En cas de besoin, il sera difficile de réactiver un tel dispositif.
Sans financement, le suivi des infections, notamment chez les personnes peu symptomatiques, ne permettra plus de décrire les variations de la circulation du virus et de ses variants. Actuellement, ces chiffres sont déjà sous-estimés, malgré le fait que la population a continué à pratiquer le dépistage depuis ce printemps. Stopper tout en plein hiver, ce n’est vraiment pas jouer la carte de la prudence.
Les autorités fédérales misent sur une surveillance via la détection du Sars-CoV-2 dans les eaux usées. Mais dès janvier, l’OFSP ne financera plus qu’une STEP sur trois dans le canton. Cette réduction ne touche pas que le canton de Neuchâtel: tous sont concernés et la surveillance ne portera plus que sur 44% de la population au niveau national.
Le système de surveillance syndromique par le système Sentinella aussi utilisé pour la grippe donnera une image tardive des personnes qui consultent un médecin pour des symptômes grippaux, soit la pointe de l’iceberg.
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J’entends les interrogations de la population, désabusée, mais aussi inquiète. Je suis conscient que grâce à l’immunité de 96% de la population nous sommes entrés dans une nouvelle phase de gestion de la pandémie. Face aux virus respiratoires, l’enjeu est maintenant de préserver le fonctionnement des soins et des urgences tout en maintenant la confiance de la population.
Cela implique, faute de tests de dépistage, de surveiller l’épidémie en comptant les malades, les décès, mais aussi en recueillant ce qui se passe dans la communauté. Grâce à une surveillance participative et un système d’auto-annonce des cas – si besoin avec des autotests – nous pourrions mesurer la pression du virus, conseiller les plus vulnérables, orienter la population et surtout préserver nos ressources médicales et hospitalières.
Tout cela s’inscrit dans un contexte à la fois tendu et incertain.
Au niveau local, les bronchiolites ont mis sous tension les services de pédiatrie et la grippe va se répandre pendant plusieurs semaines. Sans savoir de manière précoce comment le Covid va impacter nos hôpitaux, il est difficile de prendre les bonnes décisions au bon moment.
Au niveau international et concernant le Covid, l’OMS n’a toujours pas levé l’alerte sanitaire de portée internationale. Et la Chine est en train de devenir un gigantesque incubateur à variants. Là aussi, l’incertitude domine. Et il sera encore plus difficile de prendre les bonnes décisions au bon moment.