Tous les dix ans, les habitants du pays vivant à proximité des centrales de Beznau I et II, Gösgen, Leibstadt et Mühleberg reçoivent leurs comprimés d’iode à titre préventif. En 2014, année de la dernière distribution, 4,9 millions de personnes étaient concernées.
Ces produits sont remis à titre préventif et ne doivent être consommés qu’en cas d’accident dans une centrale nucléaire, lorsque de l’iode radioactif s’échappe. En cas d'incident, l'ordre d’en ingérer serait donné par la Centrale nationale d'alarme.
Ces pilules contiennent de l’iodure de potassium, principe actif qui empêche l’iode radioactif de s’accumuler dans les glandes thyroïdes et de provoquer un cancer de la thyroïde. Cette glande qui produit des hormones permettant de réguler le métabolisme, contrôler les muscles et les fonctions cardiaques et digestives, est la partie du corps la plus sensible à l’iode radioactif.
En saturant la thyroïde d’iode de potassium, les comprimés évitent qu’elle se charge en iode radioactif. De quoi protéger ses fonctions essentielles. Les comprimés d’iodure de potassium n’ont en revanche pas d’effet sur les éléments radioactifs libérés lorsqu’une arme nucléaire est engagée.
Fin de la distribution en Suisse romande.
Avec la fermeture de la centrale de Mühleberg en 2019, la distribution de comprimés d’iode dans un rayon de 50 km devient inutile, selon les autorités sanitaires.
Lors de la prochaine campagne qui débutera à l’automne 2023, les Romands (voir la carte ci-dessus) ne recevront plus leurs doses, comme ce fut le cas en 2014.
Bien que Mühleberg ait été déconnectée du réseau, une fuite radioactive demeure en théorie possible. Nous avons posé la question à l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), qui se veut rassurant sur ce point. Céline Reymond, porte-parole:
«L'inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN) a modélisé la désintégration des nucléides d'iode pertinents et constate qu'environ six mois après l'arrêt de la centrale nucléaire de Mühleberg le 19 décembre 2019, l'iode encore radioactif s'était déjà suffisamment désintégré.
En tout cas largement assez, pour qu’en cas de libération éventuelle de radioactivité, la valeur limite de 50 mSv (dose à la thyroïde) pour la prise de comprimés d'iode ne soit largement pas atteinte.»
Si les particuliers romands ne recevront plus ces comprimés puisqu’ils n’habitent plus à proximité d’une centrale en activité, leurs cantons respectifs stockent les comprimés nécessaires, et pourront en distribuer en cas d’incident.
Principe du pollueur-payeur. Autre changement de taille annoncé par le Conseil fédéral ce 10 mars 2023: la prise en charge financière. La campagne prévue cette année devrait coûter 24,6 millions de francs, ainsi répartis:
11 millions à charge des centrales et
13,6 millions à charge de la Confédération.
Mais cette répartition, fruit d’une convention signée en avril 2021, est remise en cause. A terme, la Confédération veut confier l’entier de la facture aux exploitants des centrales nucléaires, selon le principe du pollueur payeur.
Céline Reymond, de l’OFSP:
«Le Conseil fédéral a ouvert aujourd'hui (10 mars 2023, ndlr.) une procédure de consultation sur la révision de la loi sur la radioprotection qui obligerait à l'avenir les exploitants de centrales nucléaires à prendre en charge la totalité des coûts.»
Le Parlement devra donc se prononcer et, si la révision est acceptée, les centrales prendront en charge la totalité des frais de la prochaine distribution prévue en 2034.