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Comment gérer les contre-vérités diffusées en direct à la radio?

Laurent Caspary, rédacteur en chef Actualité radio à la RTS. | Keystone / Laurent Gilliéron

Comment gérer la diffusion de contre-vérités diffusées en direct à la radio à une heure de grande écoute? La question a ressurgi dans La Matinale sur La Première. Jeudi 28, c’est Michelle Cailler, porte-parole des Amis de la Constitution, qui avance que les vaccinés transmettent autant le Sars-CoV-2 que les non vaccinés et que cela prouverait l’inutilité du certificat Covid. De son côté, Cosey, auteur suisse de BD, avoue son scepticisme vaccinal le matin du vendredi 29 en assurant que «des scientifiques» lui donnent raison «d’éviter le vaccin». A vouloir donner la parole à tout le monde, n’y a-t-il pas un risque de la donner à n’importe qui sur les aspects sanitaires de la pandémie? Heidi.news fait le point avec Laurent Caspary, rédacteur en chef Actualité radio à la RTS.

Pourquoi on en parle. La frontière est parfois mince entre récolte d’un avis et diffusion d’une information mensongère. Surtout dans des médias où le direct est la règle. La responsabilité du diffuseur est tout de même engagée lorsqu’une fausse information est diffusée à l’antenne en pleine campagne. Des parades existent. Elles doivent pourtant cohabiter avec le nécessaire débat démocratique.

Les propos en question. Michelle Cailler, porte-parole des Amis de la Constitution, était l’invitée de La Matinale le 28 octobre. Elle y a notamment affirmé:

«On le sait maintenant et c’est répété partout et même l’OFSP l’a dit: les gens, qu’ils soient vaccinés ou non vaccinés, sont tout aussi contaminants. Alors, à quoi sert un certificat Covid puisque cela ne fait aucune différence?»

Le journaliste David Berger lui rappelle que l’office fédéral de la santé publique est revenu sur cette affirmation erronée. De plus, la plateforme d’information sur les vaccination Infovac relève:

«Les résultats publiés jusqu'à présent indiquent que les vaccins contre le Covid-19 sont également efficaces contre les infections sans symptômes (asymptomatiques), des résultats qui sont d'ailleurs homogènes pour l'ensemble des classes d'âge. Avec certains variants, des études ont relevé des charges virales similaires entre personnes vaccinées et non vaccinées (p.ex. les CDC américains en juillet 2021). Cependant, l’ensemble des études montre que la vaccination réduit la durée des symptômes, ainsi que celle des périodes à fort potentiel de transmission. On estime en moyenne que le risque de transmission entre deux personnes vaccinées est réduit de 90%.»

De son côté, Cosey, auteur suisse de bandes dessinées, était l’invité de La Matinale le 29 octobre et a expliqué:

«Je suis vaccino-sceptique profondément. Je n’ai aucune connaissance scientifique, mais je suis des scientifiques qui sont assez timides. Ils semblent avoir peur et parfois même on me dit “je ne devrais pas vous le dire, mais vous avez parfaitement raison d’éviter le vaccin”. C’est des scientifiques, des médecins, des pharmaciens qui le disent.»

David Berger le remercie en mentionnant simplement «c’est votre position ce matin». Cet avis est très minoritaire chez les scientifiques et aussi chez les médecins qui sont 90% à être vaccinés contre Covid.

Heidi.news – Les deux exemples ci-dessus donnent l’impression que La Première laisse dire. Est-ce le cas?

Laurent Caspary – Il faut ici distinguer les deux interventions. Cosey est invité pour sa nouvelle BD, qui clôt une saga de 40 ans. Il n’est pas là pour s’exprimer sur le Covid. C’est dans la partie revue de presse, où l’on fait réagir les invités sur l’actualité, que le dessinateur dit qu’il est vaccino-sceptique. David Berger a eu le bon réflexe en lui signifiant que c’était son avis. Cela permet de clore le sujet. Cosey n’est pas scientifique, il n’y a pas d’intérêt à aller plus loin, ni de le convaincre qu’il a tort. De tels propos de la part du journaliste permettent d’éviter l’écueil de lancer un débat et d’obliger la journaliste à se muer en contradicteur alors que la raison de la présence du dessinateur sur le plateau est sa BD, pas son expertise sur le Covid.

Michelle Cailler, de son côté, est là pour évoquer la votation du 28 novembre. Elle défend le référendum contre les modifications de la loi Covid intervenues au mois de mars. C’est un autre contexte. Et elle intervient à l’antenne deux jours après le conseiller national Philippe Nantermod qui a défendu la loi Covid. Une intervention qui nous a valu une lettre d’auditeur mécontent. Selon lui, nous avons été trop agressif avec le politicien. Il estime qu’on le contrecarrait trop et que cela donnait l’impression qu’on était contre lui.

Quelle est la règle ou les règles auxquelles s’astreint La Première lorsque les propos dérapent à l’antenne?
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