En Suisse circulent actuellement des sous-variants Omicron de deuxième génération, BA.5 et BQ.1. Il n’existe pas de données fiables concernant leur détection par les autotests, mais les experts estiment qu’elle ne doit pas différer d’Omicron BA.1 ou BA.2. En effet, les tests détectent la protéine virale N (nucléocapside), qui correspond à une partie du génome de Sars-CoV-2 ayant très peu muté au sein de la branche Omicron.
«Au secteur E des HUG, on a commencé à détecter BQ.1 sur moins d’une dizaine de patients avec des tests rapides et on n’a pas eu de problème, rapporte la Pre Isabella Eckerle, du Centre national de référence pour les infections virales émergentes. Les nucléocapsides n’ont pas vraiment changé, il y a bien une petite mutation, mais ça ne devrait pas changer grand-chose pour les tests antigéniques.»
De l’utilité des autotests. Les faibles performances des autotests font débat depuis leur introduction au printemps dernier, sur le modèle de l’Allemagne. «Même au sein de l’OFSP il y avait des dissensions sur l’introduction du test antigénique, rapporte Gilbert Greub. Les épidémiologistes étaient en faveur, les microbiologistes étaient contre. Finalement, la task force a tranché en leur faveur.»
Il n’est pas dit que les précautions d’emploi introduites avec l’autotest – à utiliser rapidement en cas de symptômes, sans trop se fier aux résultats négatifs, à confirmer par une PCR – aient vraiment pris auprès du grand public. Les centres de test ayant fermé ou réduit leurs horaires, il n’est pas toujours simple d’avoir recours à un test PCR de validation. Gilbert Greub:
«Un de mes amis, urgentiste au CHUV, a été exposé à une personne positive au Covid. Il va se faire tester un samedi, le centre lui propose un test antigénique parce qu’ils ne font pas de PCR le week-end. Il insiste, mais impossible. Résultat: il fait un test antigénique, qui s’avère négatif. Comme il a des symptômes, il attend le lundi pour faire une PCR, qui revient positive. Mais dans l’intervalle, il a pu contaminer d’autres personnes…»
Quelle attitude adopter avec les autotests, si pratiques mais si peu fiables? La virologue Isabella Eckerle (HUG):
«Ce qui est reste vrai, c’est que si un test est positif, il est très probable que ce soit le Covid. Mais si c’est un test négatif, ça ne veut rien dire. Si j’ai une grand-mère de 90 ans et que j’ai le nez qui coule, même si mon test est négatif, c’est clair qu’il vaut mieux éviter de se fier aux tests antigéniques.»
Même son de cloche chez le microbiologiste Gilbert Greub:
«Dans le contexte actuel, c’est ennuyeux. Personne ne met de masque s’il croit qu’il est négatif. Déjà qu’on voit plein de personnes qui toussent dans le métro… Mais là où ça gêne, c’est quand on va rendre visite à une personne fragile. Si c’est Noël ou un événement important, faites une PCR mais ne vous basez pas sur un test antigénique pour prendre la décision: il tombera à côté au moins une fois sur trois.»
Les stratégies de contournement. Une des stratégies classiques pour pallier la faible sensibilité des tests antigéniques consiste à multiplier les tests – ceux-ci étant vendus par lot de cinq dans les pharmacies. Mais cette stratégie a des limites.
- Multiplier les tests sur le moment ne sert à rien.
«L’essentiel des faux négatifs sont liés au seuil de détection beaucoup trop haut, explique Gilbert Greub. Il faut 1 million de copies virales par millilitre pour que les tests antigéniques commencent à détecter les protéines virales avec une certaine fiabilité. Si votre charge virale est faible, cela ne sert à rien de faire un autre test antigénique sur le moment.»
Ce manque de sensibilité des tests antigéniques est un problème connu de longue date, ajoute le microbiologiste vaudois. C’est la raison pour laquelle les tests antigéniques pour la grippe ne sont plus utilisés depuis une vingtaine d’années.
- Réaliser plusieurs tests à la suite peut aider.
La stratégie consistant à faire un premier test, puis un second 24 heures après, puis éventuellement un troisième, peut aider à détecter une infection. «C’est une bonne idée parce qu’au début des symptômes la charge virale augmente, indique Isabella Eckerle. On peut être négatif le matin et positif le soir.»
Le message important. En cas de symptômes classiques (nez bouché, toux, éternuements, fièvre…), comment faut-il interpréter un autotest Covid-19? Deux options, si le résultat est négatif:
- Vous avez possiblement le Covid-19.
Le faux négatif est une option impossible à exclure, et mieux vaut passer un test PCR pour s’assurer qu’on n’a pas le Covid.
- A défaut, vous avez très certainement un autre virus.
Actuellement, le VRS, responsable de bronchiolites chez les nourrissons et les personnes âgées fragiles, circule beaucoup en Suisse. C’est aussi le cas des rhinovirus (rhumes) et du virus influenza (grippe), qui peuvent avoir des conséquences non anodines chez les personnes fragiles.
Le mythique «coup de froid». Dans tous les cas, vous n’avez pas juste attrapé froid. Le froid favorise les infections virales ou bactériennes en affaiblissant les muqueuses et possiblement l’immunité innée, mais il existe à tous les coups un pathogène derrière les symptômes… et donc un risque de contagion.
«On ne tombe pas malade juste par la force du Saint-Esprit, il faut quand même une infection, s’amuse Gilbert Greub. On peut être colonisé avec des germes et le froid fait qu’on devient symptomatique.»
Test positif ou non, la présence de symptômes respiratoires justifie donc de porter le masque ou d’éviter les contacts sociaux, en particulier avec des personnes vulnérables.